Vivre sans eau dans la deuxième ville du Mexique



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Deuxième ville économique du pays, Monterrey consomme en moyenne 156 litres d’eau par personne et par jour. Mais cette année, elle a souffert d’une sécheresse intense, fautes de précipitations pendant quasi 18 mois. Et même si les pluies commencent à remplir à nouveau les réserves de la ville, une bonne partie de la population a toujours l’eau coupée.

De notre correspondante à Mexico, 

La ville a demandé un effort collectif à sa population, pourtant peu de restrictions ont été mises en place concrètement. Plusieurs milliers de foyers continuent de recevoir l’eau à travers la distribution de camions citernes, pour d’autres plus chanceux l’eau coule du robinet quelques heures par jours. Il faut économiser le précieux liquide au maximum et beaucoup d’activités du quotidien sont bouleversées par une logistique parfois compliquée à prendre.

Dans le quartier fortuné de San Pedro, George travaille comme barman dans un restaurant. Aujourd’hui, l’établissement est resté huit heures sans eau courante. « Avant, c’était plus long, ça durait un jour, voire deux », raconte-t-il. Depuis des mois que durent ces coupures, il a dû s’adapter. « On bataille pour le lavage. Là, on remplit un bocal, on y met du chlore et on utilise ces litres d’eau pour laver les verres. Puis, on recycle cette eau pour nettoyer le sol, par exemple. On a beaucoup de bombonnes, c’est ce qui nous aide à passer la journée. »

À quelque mètres de là, une station de lavage de voitures tourne à plein régime. « C’est de l’eau recyclée, de l’eau traitée », affirme le patron. Même au pire de la crise, celui-ci n’a jamais cessé ou même diminué son affaire. Mais il admet que c’est devenu plus compliqué avec la sécheresse, car faire venir l’eau en citerne représente des coûts supplémentaires. « Dès que tout ça a commencé, on a recyclé l’eau, assure-t-il. On a des recycleurs spéciaux. Et maintenant, quand on a plus d’eau, on doit en acheter à part. »

« Toujours avoir une réserve »

« Tu ne sais jamais combien d’eau tu utilises avant de ne plus en avoir, constate Salma qui tient une petite cafétéria dans le quartier. Au travail, ça nous affecte encore plus, tant pour faire les cafés, comme l’hygiène ou le nettoyage. Des fois, on doit refuser de servir… C’est compliqué en vérité. » Néanmoins, elle s’estime heureuse, car l’eau arrive tout de même quelques heures par jour. « On a toujours cette réserve-là parce qu’en réalité, on ne sait jamais quand seront les coupures. Ce serait encore autre chose si on savait : tel jour, telle heure, il y a une coupure… Mais tu ne sais jamais alors, il faut toujours avoir une réserve. »

Sa collègue Perla se sent fatiguée par cette situation. Chez elle, l’eau n’arrive que deux jours pas semaines. « Moi, je suis une jeune personne, je peux porter des bouteilles d’eau où je veux, explique Perla. Mais je pense aux personnes âgées ou les personnes avec un handicap qui vivent aux deuxième, troisième ou cinquième étage. Comment font-ils ?! Ils se font aider ou bien, ils se privent. »

Pour tous, la situation est inédite, jamais Monterrey n’avait connu un tel déficit. Cet été, jusqu’à la moitié des cinq millions d’habitants a été privée d’eau. « Moi, je crois qu’on va prendre conscience de tout ça et nous en rappeler, ajoute Perla. Comment on fait maintenant, comment on a dû vivre et comment faire pour éviter que ça se reproduise… » Définitivement, on ne peut pas vivre sans eau, mais on peut vivre avec beaucoup moins que ce qu’on pensait.



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