Russie: les sanctions contre l’économie russe tardent à produire leurs effets



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Les sanctions contre la Russie devaient détruire son économie et donc assécher rapidement le financement de la guerre menée en Ukraine. Pour le moment, leurs effets dissuasifs se font attendre…

Quel contraste entre la zone qui a décrété les sanctions avec les États-Unis, l’Europe, aujourd’hui en pleine crise énergétique, où la sobriété est devenue le mot d’ordre de la rentrée, et une Russie où la monnaie, les prix, les taux d’intérêt sont aujourd’hui plus ou moins maîtrisés après avoir explosé !

Cette puissance pétrolière ne redoute pas l’hiver : les revenus que lui procurent les hydrocarbures ont doublé entre mars et juillet alors que les volumes exportés sont en baisse. Et les profits des entreprises russes sont plutôt flatteurs au deuxième trimestre : +44%. La récession annoncée sera bien moindre que prévu, plutôt de l’ordre de 6% cette année, selon la Banque centrale russe et le FMI. Alors qu’au printemps, le fonds prédisait un recul de l’activité de l’ordre de 10%, les plus pessimistes misaient sur -15% de PIB.

Des sanctions inefficaces ?

La question anime les débats d’experts hors de Russie et on voit qu’il est difficile d’y répondre de façon catégorique, entre autres parce que les institutions russes ont cessé de publier un certain nombre de données économiques cruciales, mais aussi parce que les informations dont on dispose sont contrastées, les chiffres cités pour le pétrole ou les profits témoignent plutôt de l’étonnante résilience de l’économie russe. Tout comme ceux de la consommation électrique : elle est à nouveau en hausse, c’est un signe en général fiable de la vigueur de l’activité.

Des économistes de l’université américaine de Yale ont publié en juillet une longue étude argumentée démontrant que cette économie russe était en train d’imploser, que cela est encore peu visible, mais qu’elle est durablement affectée par les embargos sur les biens intermédiaires qui l’empêchent aujourd’hui de construire des voitures ou tout simplement d’assurer la maintenance de ses avions. En témoigne la chute vertigineuse du marché automobile : en juin, seulement 27 000 véhicules neufs ont été vendus en Russie contre une moyenne mensuelle de 100 000 avant la guerre.

La destruction de l’économie russe est inéluctable, selon les experts

La fuite des talents qui a été déclenchée par la guerre y contribue, mais aussi le soutien très mesuré du parrain chinois : Pékin achète du pétrole russe, mais l’Empire du Milieu ne s’est pas substitué aux fournisseurs occidentaux. Contre toute attente, les exportations chinoises vers la Russie sont en forte baisse depuis le début de l’année. Les effets des sanctions seront beaucoup plus marqués d’ici deux à trois ans.

Concrètement, cela signifie que les sanctions fonctionnent mais ne sont pas une arme hyper efficace à court terme. En partie parce que les autorités russes ont mis rapidement en place des politiques dynamiques pour en atténuer les effets. La défense du rouble en est le meilleur exemple : après avoir plongé, la monnaie russe a retrouvé son meilleur niveau face aux devises étrangères. Vladimir Poutine défend aussi le pouvoir d’achat des plus modestes : les retraites ont été revalorisées et les entreprises fermement invitées à maintenir l’emploi, un peu sur le mode de ce qui a été fait en Occident pendant le Covid-19. Ces mesures d’accompagnement garantissent une certaine paix sociale, dans un pays où la population est de toute façon rodée à la survie aux crises, entre autres économiques. La Russie connaît sa cinquième récession en 25 ans.

Les failles du régime des sanctions ?

Il y en a deux principales : d’abord, le fait que les Européens aient repoussé à décembre l’embargo sur le pétrole russe. Sa mise en place va sans doute considérablement affaiblir les exportations russes et faire basculer la donne des hydrocarbures. Ensuite, il faut garder à l’esprit qu’une centaine de pays n’appliquent pas les sanctions. Même s’ils n’ont pas les ressources comparables à celles des Occidentaux, ils permettent à Moscou de se fournir ou d’exporter des marchandises par des voies détournées, pourquoi pas le pétrole que n’importeront plus les Européens.



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