Pourquoi la guerre commerciale couve à nouveau entre l’Europe et les États-Unis



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L’Europe se dit prête à déterrer la hache de guerre contre les États-Unis, à cause des subventions américaines à la voiture électrique favorisant le « made in USA ». Les deux partenaires et alliés sont-ils sur le point de relancer la guerre commerciale ?

« Les Européens iront devant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) s’il le faut », affirme le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton. L’OMC est une instance où les batailles promettent d’être longues et coûteuses. Washington et Bruxelles sont bien placées pour le savoir puisqu’elles ont ferraillé pendant 15 ans au sujet des subventions attribuées de part et d’autre de l’Atlantique à leur champion aéronautique respectif. Thierry Breton va plus loin : il brandit la menace de mesures de représailles.

Rappelons les faits : dans le cadre de la lutte contre l’inflation, Joe Biden a annoncé cet été un vaste plan d’aide avec une mesure particulièrement irritante pour les Européens. Il s’agit d’un crédit d’impôt, jusqu’à 7 500 dollars, pour l’achat d’une voiture électrique, à condition qu’elle sorte d’une usine américaine, batterie comprise.

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Protectionnisme

On peut parler de protectionnisme, les voitures européennes se retrouvant, de fait, discriminées sur le marché américain. Pour l’industrie automobile européenne, c’est la double peine : elle subit déjà une distorsion de concurrence avec les États-Unis à cause des différences de prix et d’approvisionnement en énergie, voilà maintenant qu’elle doit encaisser son éviction du marché de la voiture électrique, le segment le plus prometteur du marché américain. C’est d’autant plus frustrant pour les Européens que les coups de pouce accordés au véhicule électrique s’appliquent à toutes les voitures, quelle que soit leur pays d’origine.

Est-ce le grand retour de l’America first ?

Cela y ressemble fort. On a cru hâtivement que le « Make America Great Again » était périmé depuis la défaite de Donald Trump à la Maison Blanche, mais ses idées continuent à cheminer, à infuser, y compris au sein du parti démocrate. Avec une différence de taille : Donald Trump avait déclaré sa guerre commerciale à la Chine puis à l’Europe avec la hausse des droits de douane, tandis que Joe Biden prend une mesure non pas offensive, mais défensive, destinée à soutenir son industrie en priorité.

Les arrière-pensées électorales en revanche sont les mêmes : gagner le cœur et donc le vote des cols bleus américains. Ces ouvriers de la rust belt, notamment de Pennsylvanie, se sont détournés des démocrates pour voter Trump il y a six ans ; aujourd’hui aux élections de mi-mandat, ils pourraient à nouveau préférer pencher en faveur des candidats républicains.

Un contexte plus dramatique sur le plan écologique

Avec le réchauffement déjà très sensible de la planète et l’envolée des prix du brut, il y a urgence à développer des solutions alternatives. Le vaste plan américain annoncé cet été répond à cette urgence. Le hic, c’est que Joe Biden a préféré avancer en solo plutôt qu’en collectif.

Seule une action solidaire des États pourra efficacement contribuer à lutte contre le réchauffement climatique, déclament sur tous les tons les experts réunis en ce moment à la COP27 en Égypte. Ce message sera-t-il entendu à Washington ? Pour éviter la guerre commerciale que les Européens sont prêts à activer, les représentants des deux pays se retrouveront en décembre pour un conseil consacré aux questions commerciales. Le résultat du scrutin de ce mardi aura bien sûr une influence déterminante sur leurs futures discussions.



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