Portraits de l’Amérique qui vote: l’annulation partielle de la dette étudiante clive les électeurs [3/7]



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En août dernier, Joe Biden a fait une annonce que beaucoup d’étudiants et anciens étudiants attendaient : l’annulation partielle des prêts qu’ont dû contracter les jeunes Américains défavorisés pour étudier à l’université et qu’ils mettent des années, voire des décennies, à rembourser. Mais la mesure est loin de faire l’unanimité. Cette décision pèsera-t-elle sur le choix des électeurs lors des midterms du 8 novembre ? 

De notre envoyée spéciale à Cleveland,

À 31 ans, Taneisha Fair a décidé de reprendre ses études. Sortie d’un master à 23 ans avec une dette de 60 000 dollars qu’elle n’a pas fini de payer, elle s’est inscrite cette année à la faculté de droit de l’Université de Cleveland. « Chaque semestre en droit coûte entre 40 000 et 60 000 dollars, témoigne-t-elle. Il faut huit semestres pour être diplômé. Je suis très stressée par ce nouveau prêt. C’est un sentiment qui m’écrase »  

Comme Taneisha, 43 millions d’Américains remboursent actuellement une dette étudiante. La plupart de ces prêts ont été accordés par l’État fédéral. En août, Joe Biden a annoncé l’annulation de 10 000 à 20 000 dollars de dette des personnes les plus défavorisées. Taneisha Fair en fait partie. Après l’annonce de Joe Biden, « j’ai senti un peu de soulagement et de joie, raconte-t-elle. Mais je crois que je freine mon espoir, pour ne pas être déçue si finalement ça ne marche pas ». 

En effet, six États républicains ont entamé une procédure en justice pour contrer l’effacement de la dette étudiante. De quoi rassurer John Dawn qui votera pour les candidats conservateurs. Il vient tout juste de prendre sa retraite et attend ses anciens collègues de l’usine automobile de Ford pour un verre au bar : « Quand vous avez contracté un prêt, vous savez de quoi vous êtes responsable et vous devez le rembourser. C’est difficile pour vous de payer ? Eh bien, vous auriez dû y penser avant ! ».

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L’effacement partiel de la dette étudiante coûtera 400 milliards de dollars à l’État fédéral

L’argent de l’effacement partiel de la dette sera donc de l’argent du contribuable, que John refuse de payer : « Ce n’est pas à moi de payer pour les études de quelqu’un d’autre ! Si on annule les prêts étudiants, alors qu’en est-il de mon prêt immobilier ? »

Taneisha Fair estime qu’il faudrait surtout baisser le coût exorbitant de l’enseignement supérieur. Mais c’est un autre point que cette jeune Afro-Américaine retient au moment de se rendre aux urnes. « Les Noirs et les Latinos sont généralement ceux qui n’ont pas les moyens de s’instruire, explique la jeune femme. L’annulation de la dette étudiante aide justement ces gens-là qui sont déjà marginalisés, à savoir les Noirs à faibles revenus. Pour moi, cela signifie beaucoup. Parce que cela nous permet d’être un peu plus sur un pied d’égalité avec nos pairs blancs. C’est quelque chose que je veux garder à l’esprit lorsque je choisirai les candidats ».

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