pendant l’occupation russe, deux infirmières ont soigné les patients depuis leur salon


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Dans les villages libérés par l’armée ukrainienne, la vie reprend doucement. Les habitants qui avaient fui commencent à revenir peu à peu, mais de nombreuses maisons ont été détruites ou fortement endommagées et il n’y a encore ni eau, ni électricité. La commune de Vyssokopillia, 4 000 habitants avant la guerre, n’a plus d’hôpital ni de médecin. Pendant la guerre, ce sont deux infirmières qui ont assuré les soins.

Avec nos envoyés spéciaux à VysokopilliaAnastasia Becchio et Boris Vichith,

Cachée derrière une treille d’où pendent des grappes de raisin noir, la maison de Nadiia Tsalinska était bien connue des 286 habitants restés à Vyssokopillia durant l’occupation russe. Lorsque les bombardements ont commencé, l’hôpital où elle était infirmière en chef, a fermé. Et c’est dans son salon, endommagé par deux tirs d’obus, rempli de boîtes de médicaments, que la sexagénaire a accueilli les malades et les blessés avec une autre collègue. 

C’est ici que nous avons perfusé, soigné. Juste avant la guerre, j’avais reçu une importante commande de médicaments à l’hôpital. Heureusement qu’on a eu le temps de les transporter jusqu’à ma maison

Des draps pour remplacer les bandages

Stopper une hémorragie, ôter un éclat d’obus ou soigner une maladie chronique, Nadiia et Svitlana Vlassenko ont vu passer plus de 100 patients. Lorsqu’elles ont été à court de bandages, les infirmières ont découpé des draps. Pour l’eau, il fallait aller la puiser à plusieurs centaines de mètres de là, sous les bombardements. « 14 personnes sont mortes comme ça en allant chercher de l’eau », affirme une voisine.

Mais le plus difficile, raconte Nadiia, c’était la cohabitation avec les Russes qui la soupçonnaient de soigner des militaires ukrainiens. 

Chaque jour et plusieurs fois par jour, on avait la visite de quatre hommes armés. On devait leur faire un rapport sur notre activité. Ils nous disaient : si un soldat ukrainien ou un inconnu vient vous voir, vous devez nous le dire. Ils voulaient qu’on les dénonce. Un drone survolait régulièrement notre maison et on avait pour consigne de sortir dans la cour pour qu’ils voient qu’on est toujours là 

Durant la période d’occupation qui a duré plus de cinq mois, Nadiia a aussi perdu son mari diabétique. Faute de soins, il est mort d’une thrombose le 22 août, le jour où un deuxième obus a touché sa maison.  

Aujourd’hui, aidée par des amies, l’infirmière fait des travaux pour pouvoir accueillir au plus vite de nouveau des patients, le temps que les médecins reviennent, sans doute pas avant plusieurs mois

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