Paroles de camerounais une semaine avant les 40 ans de la présidence de Paul Biya
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Le Cameroun s’apprête à marquer le 40e anniversaire de l’accession de Paul Biya à la présidence. Ce vendredi qui vient, le 4 novembre, cela fera 40 ans que son prédécesseur, le président Ahmadou Ahidjo, a annoncé sa démission en 1982, confiant le pouvoir à son Premier ministre, Paul Biya, qui selon la Constitution de l’époque devait être son successeur. Paul Biya a ensuite prêté le serment le 6 novembre 1982. Beaucoup de Camerounais n’ont pas connu d’autre président que lui.
Avec notre envoyée spéciale à Yaoundé, Amélie Tulet
Vêtue d’un ensemble en pagne « Paul Biya » aux grandes fleurs bleu et vert sur fond clair avec en médaillon le portrait du chef de l’État, Thérèse-Rachel se décrit comme une militante convaincue du parti au pouvoir, le RDPC. Elle attribue au président camerounais toutes les réalisations de ces dernières années dans sa localité de Baham.
Je soutiens mon président parce qu’il travaille, il fait bien. Il a créé déjà le lycée technique, le lycée bilingue, la mairie, il a créé beaucoup de choses. Il a développé Baham.
Baham, chef-lieu du département montagneux et très vert des Hauts-Plateaux dans la région de l’Ouest, où s’est réfugiée il y a trois ans, cette autre militante du RDPC, Dorothy, originaire de Woum dans la région anglophone voisine du Nord-Ouest. Son mari a été tué, sa maison brûlée.
Si la guerre pouvait finir, n’importe qui pourrait être au pouvoir, ca ne me poserait pas de problème, tout ce que je veux, c’est la paix maintenant pour que je puisse rentrer chez moi.
À 240 kilomètres au sud de Baham, Douala, capitale économique du Cameroun. Dans le quartier Bali, c’est fin de journée, chacun prend l’air ou rentre chez soi. Pour Fabrice, sur le plan économique et social, le bilan de la présidence Biya n’est pas satisfaisant.
Il n’a pas su faire décoller ce pays comme il le fallait, les jeunes qui ont des diplômes ne peuvent pas accéder aux emplois. Le Cameroun n’a pas d’industrie, alors qu’il y a de l’espace et des ressources. Sur le plan éthique, la morale a foutu son camp, la corruption, elle est là, elle est palpable, on fait avec elle, dans tous les contextes.
Comme Fabrice, Diane n’a jamais connu d’autre président que Paul Biya. Sans animosité particulière envers le chef de l’État, elle aspire au changement.
Depuis trente ans que je suis née, c’est la même personne qui est là. Au final, c’est son idée, ça ne change pas, y’a pas trop d’innovation dans le pays. C’est mon grand-père, mon arrière-grand-père même ! J’aimerais qu’il aille se reposer, que quelqu’un d’autre soit là.
Le président Paul Biya lui a déclaré en juillet dernier qu’il faudrait attendre la fin de son mandat en 2025 pour savoir s’il reste au pouvoir ou s’il s’en va « au village ».
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