Ouragan Ian aux États-Unis: un phénomène climatique, une gestion politique

Publié le : 04/10/2022 – 18:00

Dans cet épisode de Témoins d’actu, David Thomson raconte dans un premier temps les consignes de sécurité délivrées par les autorités avant l’arrivée de l’ouragan : « Les consignes sont vraiment très claires. Tous les habitants doivent faire des provisions d’eau, de nourriture et d’essence pour alimenter les groupes électrogènes en cas de coupures d’électricité. Il faut pouvoir tenir une semaine ».

Une fois l’ouragan passé, notre correspondant à Miami a pris la route pour Fort Myers. Cette ville, située dans le comté de Lee, a été la plus touchée par Ian « Il faut compter trois heures de route entre Miami et Fort Myers, en traversant les Everglades, mais la plus grande difficulté a été de rentrer dans la ville. Tous les habitants qui avaient quitté le comté avant l’arrivée de l’ouragan revenaient d’un coup, il y avait des embouteillages monstres et une seule station essence ouverte. Sur la route, poursuit David, on constate l’ampleur des dégâts, des maisons effondrées et des arbres déracinés ». 

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Nous abordons avec lui la question de la solidarité : « La solidarité fait partie de la culture américaine parce que les gens savent qu’ils vont devoir pallier l’aide publique. Les habitants n’attendent rien de l’État. Le gouverneur de Floride a demandé à l’administration Biden de débloquer des fonds, mais on ne sait pas encore quel sera vraiment le montant et quels seront les critères d’attribution ».

La majorité des experts affirment qu’avec le réchauffement climatique, les ouragans comme Ian ne seront peut-être pas plus nombreux, mais ils seront plus violents. Pour autant, les habitants de Floride ne sont pas enclins à quitter l’État pour s’installer ailleurs. « À chaque fois que j’ai posé cette question, la réponse était toujours la même, raconte David Thomson. Aux États-Unis, une moitié du champ politique considère que le réchauffement climatique n’est pas une réalité et chez les Républicains, le climatoscepticisme est très fort. C’est le cas du gouverneur de Floride, Ron DeSantis. »

Aujourd’hui, ce qui est particulièrement scruté, c’est la manière dont ce gouverneur, perçu comme l’héritier de Donald Trump, gère cette crise majeure « Ces derniers jours, Ron DeSantis était très présent dans les médias, il faisait entre deux et cinq conférences de presse par jour. Avant l’arrivée de Ian, il avait affrété deux avions rempli de migrants qu’il était allé chercher dans d’autres États. Il les avaient envoyés à Martha’s Vineyard, haut lieu symboliquement démocrate où Barack Obama possède une résidence secondaire. Il s’apprêtait à réitérer cette opération politique en remplissant un nouvel avion pour l’envoyer dans le Delaware, l’État de Joe Biden qu’il insulte copieusement à chaque meeting, explique David. Aujourd’hui, il est contraint de demander de l’aide au président américain ».

Il sera très intéressant conclut David de voir lequel de ces deux visages va l’emporter « Si certains dénoncent un opportunisme politique, d’autres estiment que Ron DeSantis est quelqu’un qui sait se montrer pragmatique en situation de crise et qu’il est capable de mettre son combat politique quand il le faut pour le bien commun ».