Oignons: la petite récolte européenne fait monter les prix en Afrique
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Les oignons ont rarement autant fait pleurer les importateurs ! À cause d’une mauvaise météo, les récoltes en Europe et en Afrique de l’Ouest ne sont pas bonnes, et les prix ont flambé, en particulier au Sénégal.
Le sac de 25 kg d’oignons hollandais a rarement coûté aussi cher. Vendu à 8 euros maximum l’année dernière, il en vaut aujourd’hui 14. À cela, il faut rajouter les frais de transport, de douane, et la marge de l’importateur. À l’arrivée, sur le marché sénégalais, le sac est vendu à 22 euros au détail, soit environ 15 000 francs CFA, un prix difficile à supporter par les ménages.
Le problème, c’est qu’au pays du poulet yassa, on se passe difficilement d’oignons. Le Sénégal subit donc de plein fouet le manque de bulbes sur le marché national et international, car la crise est bien partagée entre les continents.
Des stocks internationaux bas
Localement, la récolte en Afrique de l’Ouest a souffert, à cause de la météo, mais aussi du coût des semences. Résultat, faute de volumes récoltés suffisants, la campagne de commercialisation au Sénégal s’est terminée le 11 août, avec un mois d’avance. Le pays a dû commencer à importer plus tôt. D’abord du Maroc par facilité, mais à des prix très élevés à cause de la sécheresse, là aussi.
Les prix marocains rivalisent maintenant avec ceux des fournisseurs européens qui, eux aussi, ont flambé. Le manque de pluie a en effet entraîné une baisse de production généralisée, que ce soit en Pologne, en Espagne ou encore en Hollande. Partout, l’oignon se fait rare.
Au niveau international, les stocks sont globalement bas. Un facteur de plus pour expliquer la hausse des prix.
Forte demande malgré les prix
Les exportateurs se frottent évidemment les mains. « Dès que la récolte a été disponible, nous avons reçu des demandes des destinations les plus insensées », explique l’un d’eux basé en Hollande. Pour l’instant, les prix n’ont pas fait chuter la demande contrairement à ses craintes.
Les importateurs sénégalais, eux, ont dû s’adapter à de nouvelles conditions de commerce. Ces dernières années, quand l’oignon était abondant, ils n’avaient par exemple pas besoin d’envoyer d’acompte pour recevoir leur commande au port tant les fournisseurs cherchaient à écouler leur récolte. « C’est l’importateur qui fixait les règles », explique Babacar Sembene, commissaire aux enquêtes économiques au ministère sénégalais du Commerce, « aujourd’hui c’est plutôt l’inverse », constate-t-il.
Cette flambée des prix tombe au plus mal au Sénégal, au Mali ou encore en Gambie, à l’heure où se préparent les grandes fêtes religieuses que sont le Grand Magal de Touba ou encore le Maouloud. Des périodes de retrouvailles et de plus forte consommation.