MMA: Ciryl Gane, la métamorphose
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En seulement quatre années, le Français Ciryl Gane est devenu la star du MMA dans l’Hexagone. Samedi 3 septembre, il sera tête d’affiche de la première soirée UFC à Paris, un événement attendu depuis longtemps par les fans de ce sport de combat. Rencontre.
Dans la salle d’entraînement, des gamins hauts comme trois pommes passent leur mois d’août à s’initier aux sports de combat. L’un d’entre eux s’approche pour saluer son idole. Ciryl Gane, visage radieux tend la main. Quatre années après ses débuts en MMA, il est désormais une star de la discipline.
Doux comme un agneau
« Il est très accessible. Il faut remercier ses parents qui lui ont donné une bonne éducation. Un combattant heureux est un combattant dangereux. Il y a beaucoup d’amour autour lui. C’est important dans la compétition. En quatre années, il n’y a eu aucun désaccord entre nous. Il est doux comme un agneau », témoigne son entraîneur Fernand Lopez, le plus réputé en France et patron de la MMA Factory.
« Très tôt j’ai senti qu’il avait un truc pour donner les coups et les esquiver. J’en ai déduit qu’il avait un potentiel pour le MMA. Il a quelque chose de plus que les autres sur le plan intellectuel. Il est capable de traiter très vite des informations mathématiques. Il peut répondre aux successions de problèmes que l’on doit traiter lors d’un combat. C’est pour cela que c’est allé très vite pour lui », raconte Fernand Lopez. « Comme tous les génies c’est un flémard il faut le pousser. Je veux qu’à la fin de l’entraînement il ne puisse même plus faire ses lacets ! », nuance tout de même le coach à propos de celui qu’on surnomme « Bon Gamin ».
« Aujourd’hui, je me pose la question de ce que je veux faire vraiment. Je me suis laissé porter. Maintenant il faut que je trouve des sources de motivation. Et le but, c’est cette ceinture mondiale des poids lourds en UFC qui est ma quête. Et pas forcément face à Francis Ngannou », avance Ciryl Gane.
« J’ai toujours pris les défis à bras le corps »
En février dernier, au fil du combat, Francis Ngannou dit « le Predator » a réussi à inverser la tendance en amenant son adversaire au sol, et il a fini par s’imposer à la décision, chose qui ne lui était que très rarement arrivée dans sa carrière. Ciryl Gane n’est pas déçu. Il n’a jamais rêvé d’être champion du monde. Mais il veut être tout de même « le mec qui gagne tout là-haut », lui qui a toujours cru en lui. « J’ai toujours pris les défis à bras le corps et c’est pour cette raison que je me suis lancé dans le MMA très tardivement », lâche l’ancien pratiquant français de muay-thaï qui avoue vivre désormais très correctement de son métier.
Le voilà même qui doit faire des selfies et signer des autographes. « Les gens sont très bienveillants avec moi. J’espère que ça ne changera pas. Ça demande un peu d’organisation pour passer inaperçu et éviter un attroupement. Mais c’est gratifiant d’être reconnu. Parfois ça me surprend. Je me dis : “J’ai réussi quelque chose dans mon sport” », confie Ciryl Gane avec son éternel sourire, loin de l’exubérance.
Une star du sport français
Plus qu’une star du MMA, Ciryl Gane est devenu une star du sport français. Sur Instagram, il a autant d’abonnés que le cycliste Julian Alaphilippe, et deux fois plus que le champion olympique de boxe Tony Yoka. En octobre 2021, Ciryl Gane et le multiple champion du monde de judo Teddy Riner étaient invités à participer au Match des Héros au Vélodrome à Marseille. Ciryl Gane et Teddy Riner jouaient tous les deux en défense pour l’équipe de l’Unicef et ont du faire face à la superstar Didier Drogba. Un vrai changement de statut qui dépasse en France le cadre du MMA.
L’UFC est un ascenseur social inégalable. Beaucoup de combattants sont sortis de la misère. « Ça touche les gens. Ceux qui ont vécu dans la misère se disent : “pourquoi pas moi ?” C’est impressionnant la progression du MMA dans le monde. C’est du jamais vu », se satisfait Ciryl Gane. Le colosse vendéen de 32 ans, qui aurait pu faire carrière dans le foot ou le basket est rapidement arrivé à être la tête d’affiche de la discipline en France. Le MMA français avait besoin d’un porte-drapeau, il l’a trouvé.