Madagascar et le sud de l’océan Indien particulièrement exposés à la pollution plastique



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La capitale malgache accueille pour trois jours une rencontre internationale durant laquelle des chercheurs du monde entier et des acteurs économiques du sud de l’océan Indien viennent partager leurs connaissances et aborder l’épineuse question des « Plastiques dans l’océan Indien ».

Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud

La pollution plastique dans les océans n’est plus à démontrer : chaque année, 8 millions de tonnes de plastiques, gorgés de contaminants, de perturbateurs endocriniens, se déversent dans les mers du globe. Toutefois, certaines régions de la planète sont encore peu documentées. C’est le cas de l’océan Indien du sud, dans lesquelles on retrouve Madagascar, Maurice ou les Comores.

Géographiquement, les îles de l’océan Indien sont très exposées aux courants marins et notamment au courant équatorial sud. Résultat, les îles et Madagascar en particulier sont susceptibles de recevoir les déchets en provenance de toute l’Asie du sud-est et de tout l’océan Indien. Une situation très défavorable. 

« On arrive à des concentrations de plusieurs centaines de milliers de particules de micro-plastique à la surface par kilomètre carré, indique François Galgani, spécialiste des pollutions marines et directeur de recherche à l’Ifremer. À cause des gires océaniques, c’est-à-dire des courants qui tourbillonnent – et le sud-est de Madagascar et des îles Maurice et Réunion est une zone conséquente -, il peut y avoir des accumulations de déchets. »

Des débris plastiques, souvent devenus de microparticules invisibles à l’œil nu, qui constituent aujourd’hui de formidables niches écologiques à des micro-organismes anti-biorésistants.

Risques micro-biologiques

Pour tenter de connaître l’étendue de la pollution plastique sur cette zone et de lutter contre celle-ci, un projet de recherches sur cinq ans, nommé Exploi (pour Expédition plastique Océan Indien) a été lancé en janvier au sein de l’Institut halieutique des sciences marines de Tuléar. Là-bas, Thierry Bouvier, chercheur au CNRS et à l’IRD, s’intéresse particulièrement aux risques microbiologiques causés par les plastiques. 

« On sait qu’aujourd’hui, il y a des micro-organismes pathogènes pour l’homme, c’est-à-dire qui rendent malades les hommes et qui peuvent même les tuer. Nous on s’intéresse surtout à des bactéries. On regarde comment elles se fixent et se développent sur ces plastiques parce qu’on sait qu’elles sont sur ces plastiques (ces bactéries pathogènes proviennent souvent des matières fécales humaines, ramenées des plages par les marées, NDLR) Notre premier résultat, c’est qu’elles sont cinq fois plus nombreuses sur les plastiques que dans l’eau, dans certains cas. Et donc ce que l’on va maintenant étudier, c’est que se passe-t-il lorsqu’un organisme marin comme un poisson mange un plastique avec des bactéries pathogènes. Est-ce transmis à ce poisson ? Peut-il être malade ? Que va-t-il se passer lorsqu’on va le manger, sous différentes formes, cuit, cru, fumé, salé ? Et est-ce que ça peut représenter un risque pour les populations ? »

Des problématiques résolument marines et non nationales, rappellent les chercheurs, qui doivent donc être gérées à une échelle beaucoup plus vaste que celle d’un pays.



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