l’Italie de Georgia Meloni s’oppose frontalement à ses voisins européens
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En une semaine, un millier de migrants embarqués sur les 4 bateaux d’ONG humanitaires ont été empêchés de débarquer en Italie. Rome exigeait un tri sélectif des réfugiés à bord, pour limiter les débarquements aux seules personnes fragiles, contrairement aux conventions internationales et aux accords européens. Sans succès.
L’Italie d’il y a quatre ans menée par Matteo Salvini à l’époque ministre de l’Intérieur est de retour. Dans l’esprit du nouveau gouvernement italien – les ONG humanitaires favorisent les trafiquants d’êtres humains. Si on les laisse faire, elles stimulent les départs en donnant à de pauvres gens désespérés l’illusion d’une vie meilleure en Europe. Les slogans de la campagne électorale font maintenant partie du discours officiel : les ONG sont des taxis de la mer. Il faut aider les Africains à rester chez eux. Il est immoral de faire arriver des personnes qui finiront au mieux par n’être qu’une main d’œuvre à bon marché chez nous. Et puis il y a le vieux refrain « personne ne nous aide ».
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Dénoncer le manque de solidarité, le credo de l’extrême droite
Contre l’immigration clandestine, l’Italie se dit mal placée sur la carte, en face de la Libye et de la Tunisie d’où partent la plupart des bateaux. Et selon elle, la solidarité européenne n’est pas au rendez-vous. Les arrivées par la mer ont beaucoup augmenté depuis la fin de la pandémie : 90 000 cette année. Tous les jours, des bateaux arrivent de manière autonome. Les garde-côtes italiens effectuent régulièrement des sauvetages, et les centres d’accueil en Sicile particulièrement ont des capacités insuffisantes pour faire face à l’urgence.
Ce qui est faux, c’est que l’Italie est seule dans la tourmente. L’Espagne, la Grèce, Malte sont aussi exposées aux arrivées par la mer. Et surtout 90% des réfugiés en Europe arrivent par la route ou en avion, mais pas en bateau. Et il y a bien plus de demandeurs d’asile en Allemagne, en France et même en Espagne qu’en Italie. De plus, le pays bénéficie bien de la solidarité européenne, avec des subventions pour l’accueil des nouveaux arrivants. Et depuis la signature en juin 2022 d’un pacte de solidarité, 18 pays européens se sont engagés à relocaliser 10 000 demandeurs d’asile par an.
Meloni et l’UE, le grand écart
Giorgia Meloni, pour être élue, avait promis de faire entendre l’Italie d’une voix forte à Bruxelles sur la question des migrants. Mais va-t-elle y arriver ? Cela reste à voir parce qu’en fait Meloni n’a été applaudie que par Victor Orban, le Premier ministre d’extrême droite hongrois. Elle trouvera sans doute des sympathies en Pologne où le problème de la frontière avec la Biélorussie est critique.
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Mais Giorgia Meloni a changé de camp. La semaine dernière, à Bruxelles, elle était tout sourire face à Ursula Von der Leyen, et prête à coopérer. Mais elle a fait le contraire et a lancé une bataille contre les ONG sans concertation, sans préavis. Elle s’est mise à dos l’Allemagne, la France et Bruxelles. C’est beaucoup quand on dirige un pays surendetté qui ne peut s’en sortir qu’avec les fonds du plan de relance européen.
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