Les requins, menacés mais pas menaçants



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Une bonne nouvelle pour la biodiversité : la Cites, la Convention qui régule le commerce international des plantes et des animaux menacés, vient pour la première fois d’adopter des mesures en faveur des requins, ces grands poissons cartilagineux qui font si peur aux humains, à tort.

« C’est une très bonne nouvelle, enthousiasmons-nous ! Pour la première fois, enfin, on prend en compte les requins et leur importance pour l’océan et pour nous. » L’océanographe François Sarano, président de l’association Longitude 181, qui milite pour la sauvegarde des océans, salue la décision historique adoptée le 25 novembre par la Cites, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.

Mais ce n’est que le commerce qui sera régulé, et pas la pêche. « Les requins sont beaucoup péchés pour leurs ailerons, rappelle François Sarano. Cette pêche est terrible parce qu’on ramène le requin vivant à bord du bateau, on lui coupe ses nageoires, on l’ampute, on le mutile et on le rejette à l’eau vivant. Évidemment, sans nageoire, il va crever au fond de l’océan. » Tout ça juste pour donner bon goût à la soupe…

Trop de pêche, moins de naissances

On estime qu’environ 100 millions de requins sont pêchés chaque année. C’est deux fois plus que ce qu’il faudrait pour permettre le renouvellement des générations. « Les requins sont extrêmement fragiles, parce que comme nous les humains, et les mammifères, ils ont très peu de jeunes et souvent une maturité sexuelle tardive ; ils ne peuvent se reproduire qu’à l’âge de 5, 10 ou même 25 ans, ce qui fait qu’ils ont très peu de petits. Et donc, très rapidement, s’il y a une force de pêche ou de prédation sur les grands adultes, les populations s’effondrent et le renouvellement devient vite impossible », souligne François Sarano.

Les requins menacés ne menacent pourtant personne, comme l’a montré François Sarano dans des films ou dans son dernier livre, Au nom des requins (éditions Actes Sud), lauréat du prix 30 Millions d’amis, « le Goncourt des animaux ». Plongeur sous-marin, il nage avec le grand requin blanc, l’une des 500 espèces de requins, réputée la plus dangereuse.

Nage avec les requins

« Lorsque tout d’un coup, il vous accueille, il vous offre un moment, lui l’animal sauvage. Il vous donne une leçon formidable. Il dit : Oh, bien que ce soit très difficile de se comprendre, on arrive toujours à trouver la distance juste pour vivre en paix. Nager avec eux, ce n’est pas risqué ! C’est un moment de paix formidable, de sérénité, de bonheur absolu que d’être à côté de ceux qui ont été qualifiés de ‘‘Dents de la mer’’. C’est un bonheur ! » Le bonheur est dans l’océan.

« Ça fait quand même peur, Les Dents de la mer, non ? »

C’est sûr, le film de Steven Spielberg, sorti en 1975, sur un grand requin blanc tueur de vacanciers, a fait du tort aux requins, parce qu’on l’a pris au pied de la lettre, comme si on croyait aux zombies après avoir vu un film de zombies. D’abord, tous les requins ne sont pas carnivores : le requin-baleine, par exemple, le plus grand poisson au monde, ne se nourrit que de plancton, microscopique. Ensuite, les attaques d’humains par des requins sont très rares, et très rarement mortelles : moins de quatre morts par an. En comparaison, dans le monde, on compte 40 morts par noyade par heure ! Les surfeurs attaqués ont souvent eu le tort de s’aventurer dans la zone de prédation, de chasse du requin, qui mordrait par curiosité, avant de s’éloigner. La chair humaine n’est pas vraiment à son goût, et on le comprend.



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