Les expulsions d’Haïtiens de République dominicaine se poursuivent
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Les expulsions d’Haïtiens de République dominicaine se poursuivent, malgré l’appel du haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. Ce dernier a demandé jeudi dernier 10 novembre l’arrêt de ces renvois de force, en rappelant la crise humanitaire et sécuritaire qui prévaut en Haïti.
Rien qu’au moins d’octobre, plus de 14 800 Haïtiens, le plus souvent sans papiers, ont été expulsés par les autorités dominicaines, selon les chiffres du Garr, le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés.
Son coordonnateur, Carl-Henry Petit Frère, demande à l’ONU de maintenir la pression et appelle même à des sanctions contre la République dominicaine, pays avec lequel Haïti partage l’île d’Hispaniola.
« Chaque semaine, on reçoit des nouveaux rapports sur le traitement qui est donné (aux réfugiés haïtiens en République dominicaine). S’ils sont dans la rue, il n’y a parfois pas de questions qui sont posées aux gens. On les met dans une cage, et des fois, ils passent des jours en prison, à même le sol, sans couverture, sans manger. Par moments, on remarque même qu’il y a des enfants non accompagnés, c’est-à-dire des enfants qui n’ont pas leurs parents, qui sont aussi pris », constate-t-il, au micro de Marie Normand, du service International de RFI.
Il faut qu’il y ait des sanctions qui soient prises pour que la République dominicaine puisse montrer du respect par rapport aux protocoles qu’elle a signés.
Carl-Henry Petit Frère, coordonnateur du Garr
« Pire situation humanitaire depuis des décennies »
L’ONU a appelé ce jeudi 10 novembre la République dominicaine à cesser de renvoyer de force les Haïtiens qui fuient leur pays en proie à une grave crise humanitaire et sécuritaire. « Il y a une semaine, j’ai demandé que les expulsions vers Haïti cessent, étant donné les crises humanitaires et des droits de l’homme auxquelles le pays est confronté. Je suis troublé de constater que les retours forcés d’Haïtiens depuis la République dominicaine vers Haïti se poursuivent », a indiqué le haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, dans une déclaration écrite.
La semaine dernière, il avait affirmé dans un communiqué que la crise sécuritaire « a précipité la descente d’Haïti dans la pire situation des droits de l’homme et humanitaire depuis des décennies » et souligné que le pays est « au bord du gouffre ».
« La violence armée incessante et les violations systématiques des droits de l’homme en Haïti ne permettent pas actuellement le retour sûr, digne et durable des Haïtiens dans le pays. Je réitère mon appel à tous les pays de la région, y compris la République dominicaine, de mettre fin à l’expulsion des Haïtiens », a indiqué Volker Türk.
« Je demande également aux autorités de la République dominicaine de redoubler d’efforts pour prévenir la xénophobie, la discrimination et d’autres formes d’intolérance fondées sur l’origine nationale, raciale ou ethnique, ou sur le statut migratoire », a-t-il ajouté.
Les livraisons de carburant ont repris le 9 novembre en Haïti, la police ayant regagné le contrôle du plus important terminal pétrolier du pays après deux mois de blocage par des gangs. Le blocage du terminal avait mené à une quasi-paralysie du pays, aggravant la crise sécuritaire, politique et humanitaire dans ce pays pauvre des Caraïbes. Le manque de carburant avait en outre interrompu la distribution d’eau potable, cruciale dans la lutte contre le choléra, dont les cas ont récemment explosé en Haïti.
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