les enfants particulièrement exposés à l’épidémie de choléra
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Le choléra a fait son retour en Haïti début octobre, après trois ans de répit. Après l’introduction de la bactérie par des Casques bleus en 2010, une épidémie de choléra avait sévi jusqu’en 2019, faisant plus de 10.000 morts. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, 135 malades sont décédés. Et les enfants sont particulièrement vulnérables.
avec notre envoyée spéciale à Kenscoff, Rose Marie Mathe Jeannis
A Kenscoff, commune située à une vingtaine de kilomètres de Port-au-Prince, le choléra prend des proportions alarmantes, déplore son maire qui déplore déjà la mort d’au moins 25 administrés. L’épidémie a commencé à se propager dans la commune après les troubles sociaux du mois de septembre dernier. Plusieurs sections communales sont touchées par cette maladie contagieuse.
Pour Massillon Jean, la situation est particulièrement critique dans la localité de Bellefontaine. « La situation est très compliquée. On a déjà recensé plus d’une centaine de cas suspects et enregistré 25 morts dans la commune. Des cinq sections communales, Bellefontaine est la plus touchée avec 17 morts. La situation s’est détériorée en raison du manque d’information de la population. Des problèmes liés aux infrastructures routières empêchent l’intervention immédiate dans les zones reculées. »
Une situation qui pourrait empirer si rien n’est fait. « Nous n’avons pas d’infrastructures sanitaires dans la commune. Kenscoff ne dispose d’aucun centre de traitement du choléra. Les malades sont reçus à l’hôpital de Fermathe et au centre de santé du centre ville. Ces deux centres n’ont pas d’une forte capacité d’accueil. Si les médecins diagnostiquent le choléra chez une personne, ils l’envoient vers d’autres centres comme Gheskio, Médecins sans Frontières et l’Hôpital Saint-Luc de Tabarre, qui sont capables d’assurer la prise en charge. »
Face à la flambée des cas de choléra, plusieurs actions ont été prises. « Une cellule de gestion du choléra est déjà en place dans la commune. Cette cellule est composée des représentants de la mairie, de la protection civile et des agents de santé communautaire. Nous avons aussi mis en place, de concert avec les agents de santé de la commune, des comités locaux de protection civile dans les sections communales. Ce qui nous permet de distribuer des kits sanitaires et hygiéniques dans la commune. »
Massillon Jean a sollicité l’aide de l’UNICEF qui devrait permettre à la commune de se procurer du chlore, du sérum oral, des gants et des masques pour faire face à la maladie. Le maire lance également un appel à la vigilance à l’égard de la population afin qu’elle se protège.
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Les enfants représentent 40 % des cas de choléra selon l’Unicef
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a annoncé mercredi qu’environ deux cas de choléra sur cinq en Haïti concernaient des enfants, et que les jeunes souffrant de malnutrition sévère présentaient trois fois plus de risques de décéder des suites de l’infection. L’épidémie de choléra s’est déclarée à Haïti au début du mois d’octobre, dans un contexte de pénuries de denrées alimentaires et d’eau potable, alors que des gangs armés bloquent le principal terminal pétrolier du pays. Le directeur des urgences de l’Unicef, Manuel Fontaine, a souligné la « triple menace » posée par la malnutrition, le choléra et les violences armées.
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“Une étape inquiétante. Près de 2 mois après le début de l’épidémie de #choléra en #Haïti, plus de 10 600 cas suspects ont été signalés. L’UNICEF est préoccupé par le fait qu’environ 40% du nombre croissant de cas confirmés concernent des enfants.’’ @Manuel_Fontaine https://t.co/0mwtTPLZEG
— UNICEF Haiti (@UNICEFHaiti) November 23, 2022