les annonceurs et investisseurs à l’épreuve des méthodes d’Elon Musk
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Elon Musk, le nouveau patron de Twitter depuis jeudi dernier, a annoncé le licenciement de 50 % de ses 7 500 employés. Le trublion de la tech, patron de Tesla et Space X, a une vision de la plateforme qui inquiète ses employés, mais aussi les utilisateurs de Twitter et les annonceurs.
Elon Musk se fait le chantre d’une certaine liberté d’expression qui nécessiterait d’assouplir les règles de modération des contenus de la plateforme. Seulement, selon Dominique Boullier, spécialiste des usages numériques à Sciences Po joint par Anne Verdaguer du service Économie de RFI, il va devoir faire attention, notamment pour ne pas faire fuir les investisseurs et les annonceurs. Plusieurs groupes ont déjà décidé de suspendre leurs dépenses publicitaires sur Twitter, dont le géant américain de l’agro-industrie General Mills, le constructeur automobile américain General Motors et son concurrent allemand Volkswagen.
Elon Musk va devoir « laisser croire qu’on a toujours un espace ouvert, tout en le régulant quand même parce que sinon, effectivement, il va discréditer complètement le réseau pour les publicitaires : les marques ne vont pas accepter d’investir des placements publicitaires dans des situations où tout le monde s’insulte ou, comme l’a fait Elon Musk, je vous le rappelle, où on se permet de répondre aux dirigeants de Twitter de l’époque avec un émoji d’un étron -l’émoji caca comme on dit-. Il n’y a aucune limite de son côté… Le principe, c’est ne jamais faire référence à la loi ou au contrôle public, c’est toujours de (créer) des espaces complètement contrôlés par l’autorité d’un seul homme, en l’occurrence ici, Elon Musk. »
Plusieurs ONG ont appelé les annonceurs à faire pression sur le nouveau patron de Twitter.
Tout monétiser ?
Elon Musk a justifié les licenciements en tweetant qu’il n’avait malheureusement « pas d’autre choix que de licencier quand l’entreprise perd plus de 4 millions de dollars par jour ». Par ailleurs, pour financer son acquisition à 44 milliards de dollars, Elon Musk a lourdement endetté la société dont la santé financière était déjà fragile. Elle a enregistré un déficit important aux deux premiers trimestres de l’année.
Selon Dominique Boullier, il va tester sur ce réseau la possibilité de monétiser à peu près tout. « Donc, ça veut dire qu’on balaie complètement le modèle de gratuité, subsidiairement financé par la publicité mais sans rentabilité très importante, qui était celui de Twitter, pour passer à quelque chose où on va essayer de tout monétiser, y compris les contacts individuels avec des tweets vers des célébrités, y compris des retweets, etc. Tout est possible, il faut s’attendre absolument à tout… »
Elon Musk a annoncé dès vendredi la refonte de plusieurs produits, dont l’abonnement payant et le système de vérification de l’authenticité des comptes. Un changement de culture d’entreprise qui se confirme.
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(et avec AFP)