Le succès de la désinformation climatique chez les ultra-conservateurs américains
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La désinformation climatique est particulièrement active avant l’ouverture dimanche 6 novembre de la Conférence mondiale pour le climat à Charm el-Cheikh en Égypte. De nombreuses infox continuent de nier l’existence du réchauffement climatique et l’impact de l’activité humaine. Un récit fallacieux notamment très répandu dans les milieux conservateurs étasuniens.
Le réchauffement climatique n’existerait pas et ne serait qu’une arnaque. C’est ce qu’a récemment affirmé Tom Harris, le directeur exécutif d’un groupe de réflexion américain baptisé Coalition internationale pour les sciences du climat. « Il n’y a pas de crise climatique. En fait, on ne sait même pas s’il fera plus chaud ou plus froid à l’avenir », a déclaré Tom Harris en direct sur la chaîne de télévision Fox news. Un bel exemple de désinformation climatique.
Le réchauffement climatique est une réalité
Contrairement à ce qu’affirme Tom Harris, l’augmentation des températures est un phénomène réel, constaté partout dans le monde. Les données mesurées à travers le globe le prouvent. Le consensus scientifique sur l’existence du réchauffement climatique et l’implication de l’activité humaine s’est développé grâce à l’accumulation d’études et de connaissances depuis plusieurs décennies.
Aujourd’hui, il est impossible de nier l’existence du réchauffement climatique et le rôle de l’activité humaine. Les prévisions des experts du Giec, la référence mondiale sur le climat, sont formelles : les impacts de ce réchauffement, déjà observables, vont s’intensifier si rien n’est fait. Le dernier rapport du Giec évoque notamment les options pour atténuer cette hausse des températures.
Un narratif populaire aux États-Unis
Le succès de la désinformation climatique aux États-Unis s’explique en partie par la polarisation politique grandissante dans le pays. Selon une récente étude du Pew Research Center, seulement 23 % des partisans républicains considèrent le réchauffement climatique comme une menace majeure, contre 78 % côté démocrate.
De plus, il ne faut pas sous-estimer l’impact de Donald Trump, qui a popularisé ce mouvement climatosceptique tout au long de son mandat. Il avait notamment déclaré que le réchauffement était un concept créé par et pour les Chinois afin de s’attaquer à la compétitivité de l’industrie américaine.
Il en va du climat mais aussi d’autres sujets, comme le port d’armes à feu, la santé ou encore l’éducation, qui divisent aujourd’hui la société étasunienne. Les partisans du « moins d’État », et ceux de la mouvance libertarienne, refusent de voir les gouvernements s’en mêler.
Ces milieux ultra-conservateurs ont pour habitude de mettre en doute le consensus scientifique, que ce soit sur le réchauffement climatique ou la pandémie de Covid-19.
Un schéma classique de désinformation
Tom Harris, celui qui avance sur Fox news que le réchauffement climatique n’existerait pas, n’est pas un scientifique. C’est un ingénieur en mécanique qui n’a aucune expertise en climatologie.
Quand on s’intéresse au financement de son organisme, la Coalition internationale pour les sciences du climat, on remarque des dons importants de l’institut Heartland. Une ONG climatosceptique ultra conservatrice, soutenue financièrement par les géants des hydrocarbures et connue pour avoir défendu l’industrie du tabac.
Au final, la méthode est la même. Des experts autoproclamés, financés par de puissants lobbys, s’en prennent aux travaux scientifiques, pour empêcher toute action publique.
Quelle propagation ?
Cet extrait de Fox news, dans lequel Tom Harris fait également l’éloge du charbon et s’en prend aux énergies renouvelables, est très relayé sur les réseaux sociaux.
Surtout, Fox news, la chaîne de télévision la plus regardée sur le câble aux États-Unis, propage ce narratif fallacieux sans apporter de contradiction.