le représentant d’Air France défend la formation des pilotes
Publié le :
La compagnie aérienne, poursuivie pour « homicides involontaires » après la mort des 228 personnes qui se trouvaient à bord de l’AF447 qui s’est écrasé dans l’océan Atlantique, le 1er juin 2009, a choisi de se défendre par la voix de l’un de ses anciens pilotes et instructeurs, Patrick Weil.
Pendant plus de six heures, l’ex-cadre d’Air France, aujourd’hui à la retraite, a assuré que la compagnie avait suffisamment formé et informé ses équipages concernant un gel éventuel des sondes de vitesse Pitot à l’origine du crash. « Je n’aurai pas l’outrecuidance de dire que nous avons tout bien fait », répète Patrick Weil à la barre.
La compagnie aérienne est jugée depuis le 10 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris avec Airbus pour homicides involontaires, plus de treize ans après l’accident du vol AF447 qui a tué 216 passagers et 12 membres d’équipage. Cette nuit-là, l’A330 traversait le Front intertropical (FIT), une zone météorologique difficile autour de l’équateur, quand trois sondes situées à l’extérieur de l’appareil, les sondes Pitot, ont givré, entraînant la perte des indications de vitesse.
Dans le cockpit, cette panne a aussi provoqué une déconnexion du pilote automatique, un basculement en mode de pilotage dégradé et de nombreuses alarmes. Surpris, les pilotes ont perdu le contrôle de l’appareil, qui a heurté l’Atlantique moins de cinq minutes plus tard.
« Des professionnels aguerris »
Pourtant, l’ancien pilote d’Air France ne reconnaît aucune erreur. La formation concernant la procédure à suivre en cas de pannes des sondes Pitot ? Elle était adaptée, juge le sexagénaire. Alors certes, elle était enseignée à basse altitude alors que l’AF447 a rencontré ce problème à 11 000 mètres d’altitude, mais c’est parce que c’était plus compliqué de faire face à cette situation en volant bas. « Qui peut le plus, peut le moins », résume le représentant de la compagnie qui n’accable pas les pilotes du Rio-Paris.
Au contraire, il souligne que chez Air France, les pilotes sont tous « des professionnels aguerris », dont le métier demande d’exercer son « sens critique ». « On ne peut pas les former à toutes les pannes, c’est impossible », justifie encore Patrick Weil. Les entraînements ont pour but « d’armer les pilotes d’une méthode robuste et déclinable dans le monde réel », dit-il. Et puis de toute façon, aucune formation ne peut combattre l’effet de surprise.
►À lire aussi : Crash du vol Rio-Paris: les échanges dans le cockpit avant le crash, un «moment terrifiant»
L’homme ne charge pas non plus frontalement Airbus, mais lui décoche quelques flèches. Quand les incidents impliquant des sondes Pitot se sont multipliées à partir de 2008, « on a relancé Airbus, on a accentué notre pression », assure-t-il. Mais le constructeur n’a pas répondu.
L’interrogatoire du représentant d’Air France se poursuivra ce jeudi. Il devra notamment répondre aux questions des avocats d’Airbus.