le régime de Sissi plus répressif que celui de Moubarak selon le chercheur Alain Gresh
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À l’occasion de la COP27, qui se tient à Charm el-Cheikh, les organisations de défense des droits de l’Homme appellent les dirigeants internationaux à faire pression sur le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour qu’il libère des opposants politiques, notamment Alaa Abdel Fattah, une figure de la révolution de 2011 contre Hosni Moubarak, incarcéré depuis 2019, et actuellement en grève de la faim.
Ce militant politique de gauche est un symbole pour le pouvoir égyptien. « C’est l’un de ceux qu’on appelle les ‘jeunes de la révolution’, qui a été une des têtes pensantes du mouvement qui a abouti en 2011 au renversement du président Moubarak. Il symbolise un peu cette révolution, il a toujours refusé de se taire, quels que soient les pouvoirs, donc il est un peu un symbole de cette révolution de 2011. Et je pense d’ailleurs que c’est en tant que symbole que le pouvoir essaie de le détruire », estime Alain Gresh, le directeur du journal en ligne Orient XXI, joint par Guilhem Delteil du service international.
Depuis plusieurs mois, il y a des pressions des Américains, des puissances européennes pour que le pouvoir égyptien fasse des gestes, et « il y a eu un certain nombre de prisonniers politiques qui ont été libérés ». « Maintenant, Alaa Abdel Fattah est un symbole. Alors, une porte de sortie lui est offerte : c’est qu’Alaa Abdel Fattah a obtenu la nationalité britannique. Il pourrait être expulsé en tant que citoyen britannique avec un refus de lui permettre de retourner en Égypte. Mais est-ce que le régime est prêt à ça ? Je ne sais pas », poursuit Alain Gresh.
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Le prisonnier politique le plus connu d’Égypte, en grève de la faim depuis sept mois, a désormais entamé une grève de la soif. Il s’agit d’un durcissement de sa protestation alors qu’a commencé, ce dimanche, la COP27, la conférence des Nations unies sur le climat et que de nombreux dirigeants de la planète sont attendus dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh à partir de ce lundi.
Un régime répressif
Alaa Abdel Fattah, militant de la révolution de 2011 contre Hosni Moubarak, condamné à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations », veut utiliser l’organisation de la COP 27 pour alerter sur son cas, mais aussi sur celui de l’ensemble des prisonniers politiques en Égypte. Car la répression mise en place par le régime d’Abdel Fattah al-Sissi est plus forte que celle qui existait sous Hosni Moubarak, insiste Alain Gresh.
« Les organisations de défense des droits humains estiment à 60 000 le nombre de prisonniers politiques, qui en plus vivent dans des conditions épouvantables : des cellules bondées, la torture régulière, etc. On est dans une situation bien pire que sous le régime d’Hosni Moubarak. En plus, sous le régime d’Hosni Moubarak, vous entriez en prison, vous en sortiez, etc. Là, ce sont des gens qui sont là des fois depuis dix ans », assure Alain Gresh.
« Je crois que jamais dans l’histoire de l’Egypte, on n’a connu un régime aussi répressif et aussi autoritaire, et c’est effectivement d’autant plus problématique que c’est un régime avec lequel disons les Occidentaux, les Européens, la France en particulier a des relations privilégiées… les relations entre la France et l’Égypte sont au beau fixe depuis qu’ils nous ont acheté des Rafale. Il faudrait au moins que la France utilise son influence pour faire libérer ces prisonniers politiques et en priorité Alaa Abdel Fattah ».
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