Le Mexique n’est ni «une colonie ni un protectorat des Etats-Unis»
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Samedi 18 mars, dans un discours enflammé sur le Zocalo Zocalo sous les fenêtres de la présidence mexicaine, le président Manuel Andres Lopez Obrador a galvanisé la foule avec des accents très nationalistes.
« Coopération, oui, soumission, non », a lancé AMLO devant des dizaines de milliers de partisans en dénonçant « certains législateurs » républicains des Etats-Unis qui parlent d’envoyer l’armée américaine au Mexique contre les cartels. « Le Mexique est un pays indépendant et libre et non une colonie ni un protectorat des Etats-Unis », a-t-il martelé devant la marée humaine qui a rempli l’immense place emblématique du Zocalo sous les fenêtre de la présidence, rapporte l’Agence France presse.
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Des propos qui rappellent ceux tenus par AMLO en novembre 2019, après que son homologue américain Donald Trump déclare les Etats-Unis partants pour débarrasser le Mexique des cartels.
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Officiellement, le rassemblement avait été convoqué par M. Lopez Obrador pour célébrer le 85e anniversaire de la nationalisation de l’industrie pétrolière décrété par le président Lazaro Cardenas, le 18 mars 1938. « Nous devons réaffirmer notre indépendance, notre souveraineté, nous souvenir de cette décision historique », avait déclaré plus tôt dans la semaine AMLO, se référant à l’expropriation de 17 compagnies étrangères décrétée le 18 mars 1938 par son prédécesseur Lazaro Cardenas, également connu pour avoir accordé l’asile à Trotski (assassiné en 1940 à Mexico par un agent de Staline) et à des Républicains espagnols fuyant le franquisme.
Au fil d’un long exposé historique, M. Lopez Obrador a accusé le parti de la droite mexicaine du PAN d’être né « en critiquant l’expropriation pétrolière » qui a permis de nationaliser l’industrie. « Quoi qu’ils fassent, les oligarques ne reviendront pas au pouvoir », a-t-il lancé en défendant sa politique (hausse du salaire moyen, force du peso…) à l’approche de la fin de son mandat unique de six ans en 2024.
En précampagne pour 2024
Ce rendez-vous avec ses électeurs s’inscrit pour AMLO dans le cadre de sa pré-campagne pour les prochaines élections générales de 2024 et trois semaines après une manifestation de l’opposition contre sa réforme électorale (visant à réduire la taille et le budget de l’organisme en charge des élections) approuvée par le Parlement. Une manifestation de l’opposition soutenue ouvertement par le Département d’Etat américain.
La réforme menace l’indépendance de l’Institut national électoral (INE) en charge d’organiser les élections selon l’opposition et une partie de la société civile, qui ont annoncé des recours devant la Cour suprême. Selon Washington, elle met « à l’épreuve l’indépendance des institutions électorales et judiciaires ».
En México hoy vemos un gran debate sobre reformas electorales que ponen a prueba la independencia de instituciones electorales y judiciales. EEUU apoya instituciones electorales independientes que tienen recursos para fortalecer procesos democráticos y estado de derecho.
— Brian A. Nichols (@WHAAsstSecty) February 27, 2023
AMLO doit quitter le pouvoir au terme de son mandat unique de six ans prévu par la Constitution. Mais il reste soutenu par près de 60% de la population et son parti, le Morena (Mouvement pour la régénération nationale) est largement favori pour rester au pouvoir. Le suspense porte sur le nom du représentant de Morena en 2024. La maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, et le ministre des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, sont les deux favoris pour décrocher l’investiture.
(avec agences)
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