Le Kazakhstan, une ex-République soviétique très courtisée par les Européens
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Le président du Kazakhstan a entamé, hier, mardi 29 novembre, une visite officielle de 48 heures en France. Pour relancer le partenariat signé en 2008 entre les deux pays. Un exercice d’équilibriste dans le contexte actuel de la guerre russe en Ukraine.
Le Kazakhstan est coincé par la géographie entre la Chine et la Russie. Il partage sa plus longue frontière avec l’ex-grand frère soviétique. Une puissance tutélaire qui assure avec constance la sécurité de l’homme fort au pouvoir. Kassym-Jomart Tokaïev récemment réélu avec 80% des suffrages. En janvier dernier, le Kremlin a envoyé des renforts quand ont éclaté des émeutes antigouvernementales provoquées par la hausse du carburant. La dépendance est aussi économique. Même si la Russie ne représente plus que 10% du commerce extérieur de cette République d’Asie centrale, elle reste une voie incontournable pour accéder aux marchés de l’ouest. Malgré ses liens de subordination, le président Tokaïev a pris soin de garder ses distances sur l’Ukraine, se refusant à prendre ouvertement le parti de Moscou.
Cette guerre renforce la soif d’autonomie de l’ex-république soviétique
Le président Tokaïev multiplie les contacts avec la Chine voisine, avec la Turquie et avec l’ensemble de l’Union européenne pour contrebalancer sa relation historique avec le voisin russe. Un voisin qu’il faut encore ménager. Le président kazakh a fait une halte à Moscou avant de venir à Paris. Le Kazakhstan est un partenaire de longue date de la France. Pour alimenter son parc nucléaire en combustible, Paris a toujours soigné sa relation avec le premier producteur mondial d’uranium. La France est par ailleurs prête à proposer ses services pour la construction d’une centrale nucléaire. Un accord devrait être signé aujourd’hui pour une centrale solaire cette fois, dans le sud du Kazakhstan. Il sera aussi question de l’usine de locomotives qu’Alstom veut développer dans la capitale kazakhe, Astana.
L’urgence du moment pour la France comme pour les autres membres de l’Union Européenne : le dossier des hydrocarbures
Des hydrocarbures dont regorge le pays. 10% du pétrole importé par la France provient du Kazakhstan. Et comme la plupart de l’huile exportée par la République d’Asie centrale, ce pétrole chemine via un oléoduc traversant le territoire russe jusqu’à la mer Noire. Cette « autoroute énergétique » incontournable pour les Kazakhs a été fermée deux fois depuis le début du conflit en Ukraine, sur décision d’un tribunal russe. Les exportations en ont pâti. Les clients, comme le fournisseur, cherchent donc à sécuriser l’acheminement. Pourquoi pas avec un nouveau tuyau évitant le territoire russe et passant par exemple par la mer Caspienne ? L’idée n’est pas nouvelle, mais elle se heurte à l’opposition catégorique du Kremlin. L’autre option privilégiée sera discutée lors de cette visite. Elle consiste à consolider la route de transport international transcaspienne, surnommée le corridor central. Cette voie par le rail, la route et la mer relie la Chine à l’occident via le Kazakhstan en un temps record, mais il faudra encore beaucoup investir pour en faire une vraie alternative. Faute de capacité suffisantes, pour le moment seulement 5% des marchandises empruntent cette voie.
L’autre richesse du Kazakhstan qui intéresse Paris : ses gisements en minerais
Et notamment en métaux rares. En marge de la COP27, la Commission européenne a signé un partenariat stratégique avec le Kazakhstan portant sur la fourniture de métaux rares et d’hydrogène vert. L’Europe veut sécuriser ses approvisionnements dans les matières indispensables pour réaliser la transition énergétique et le Kazakhstan se dit prêt à fournir à l’avenir les trente minerais critiques répertoriés par Bruxelles, il en produit déjà seize et dispose de gisements pour cinq autres.