La résilience des agricultrices malgaches face aux difficultés de produire
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Dans la Grande Ile, la situation alimentaire et nutritionnelle est précaire. 8,8 millions de Malgaches sont en insécurité alimentaire, selon les statistiques du Programme alimentaire mondial en septembre 2022, en particulier dans le Grand Sud qui subit des sécheresses à répétition. Samedi 15 octobre, associations de paysans, partenaires techniques et acteurs du secteur agricole étaient réunis sur le parvis de l’hôtel de ville d’Antananarivo, la capitale. L’occasion de mettre en avant les initiatives qui ont fait leur preuve en matière de production agricole.
Avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain
Sur le stand de la Plateforme des femmes pour le développement durable et la sécurité alimentaire, les semences certifiées attirent les visiteurs : « Ca, c’est du maïs issu d’un croisement. On a fait des essais pendant trois ans et on vient juste de le commercialiser. Il est beaucoup plus résistant aux aléas climatiques et aux nuisibles que le maïs traditionnel. »
En plus de multiplier elles-mêmes leurs semences, ces femmes ont aussi appris à doubler leur production malgré de petites parcelles de champ, témoigne Rodine Rahariniaina. Agricultrice et présidente de l’association Taratra Miray, elle possède un hectare et demi dans la commune d’Antanetibe Mahazaza, située à une quarantaine de kilomètres au nord d’Antananarivo.
« Avant, je faisais de la culture traditionnelle. Je n’avais pas de méthode particulière. Je cultivais comme mes grands-parents. C’est ce que font encore beaucoup de paysans à Madagascar. Mais maintenant, avec l’association, je sais cultiver plusieurs types d’aliments en même temps sur la même parcelle : on plante des haricots secs, des concombres et du maïs entre les plants de haricots. C’est un grand changement parce qu’avant, je ne faisais qu’une seule sorte de culture. On commence à atteindre notre objectif d’autosuffisance et on arrive à envoyer nos enfants à l’école. »
Des méthodes transmises aussi dans la région Sofia, dans le nord-ouest de l’île, explique Marie Rasoarilalaina, technicienne au sein de la plateforme : « Là-bas nous faisons de l’agroforesterie avec des arbres fruitiers et des associations de cultures : oignons, niébé, riz et moringa, adaptés à notre climat chaud et humide. On fait tout ce qu’on peut pour rendre fertile le peu de terres que l’on a et cela fonctionne. »
Le réseau soutient des milliers d’agricultrices dans neuf régions de l’île.
epuis deux ans, le Fofifa, ou Centre national de recherche appliquée au développement rural, développe des variétés de semences de riz capables de s’adapter aux terres arides du sud de Madagascar. Explication avec Rakotomalala Voahangisoa, chercheuse.
Les paysans sont réticents, à cause d’un manque d’éducation et surtout d’un manque de sensibilisation. Mais quand ils ont vu la récolte et le rendement de 4 à 5 tonnes par hectare, ils appliquent [les techniques] […] C’est tout à fait possible de cultiver le riz dans le sud mais il faut une collaboration de tous les acteurs : les paysans, les techniciens et les responsables étatiques.