la mobilisation en hommage à Mahsa Amini ne faiblit pas
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Les forces de sécurité iraniennes ont ouvert le feu mercredi 26 octobre sur des manifestants rassemblés dans la ville d’origine de Mahsa Amini, où des milliers de personnes avaient assisté à une cérémonie d’hommage à la fin du deuil traditionnel de 40 jours.
Les manifestants voulaient marquer le coup ce mercredi 27 octobre, au quarantième jour suivant la mort de Mahsa Amini, décédée le 16 septembre après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran, pour un port du voile jugé non conforme. C’était sans compter sur la réaction des autorités qui, selon Hengaw, groupe de défense des droits des Kurdes d’Iran basé en Norvège, ont ouvert le feu sur les manifestants rassemblés à Saghez, ville d’origine de la jeune femme de 22 ans. Selon l’agence iranienne Fars, près de 2 000 personnes se sont réunies au cimetière où repose le corps de Mahsa Amini.
« C’était un petit peu une démonstration de force ou une épreuve de vérité puisque les forces de sécurité avaient bouclé la ville de Saghez où est enterrée Mahsa Amini. Sa famille était assignée à résidence, donc interdite de se rendre sur le lieu de la cérémonie, et les gens sont arrivés à pied, puisque les routes étaient bloquées, dès le petit matin. Dès 8h du matin, il y avait une foule sur quatre kilomètres qui se rendait jusqu’au cimetière », partage l’anthropologue Chowra Makaremi, au micro de Nicolas Falez, du service international.
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Policiers anti-émeute
Les autorités iraniennes avaient pris des mesures pour tenter d’empêcher les rassemblements attendus pour cette date symbolique qui marque le 40e et dernier jour de deuil pour la jeune Iranienne, rapporte notre correspondant à Téhéran Siavosh Ghazi. Des policiers anti-émeutes avaient notamment été déployés dans la capitale dès mardi. Les accès à la ville auraient également été bloqués tout comme la connexion à internet. Selon des militants des droits humains, les forces de sécurité avaient mis en garde les parents de la jeune femme contre l’organisation d’une cérémonie d’hommage sur sa tombe, allant jusqu’à menacer « la vie de leur fils ».
Mardi 25 octobre déjà, des manifestations avaient eu lieu dans plusieurs universités du pays pour dénoncer la répression exercée par les forces de sécurité, accusées d’avoir battu des écolières la veille.
La mort de Mahsa Amini a déclenché une vague de contestation sans précédent depuis trois ans, qui se poursuit à travers l’Iran.
La violence et la sauvagerie de la répression, avec des enlèvements, des disparitions forcées, des viols, des corps martyrisés rendus aux familles, toutes ces pressions pour terroriser la population n’ont pas réussi à démoraliser et à amoindrir la conviction des manifestants, et c’est ça qui est absolument nouveau aujourd’hui et qui n’a jamais été vu depuis les 43 ans que dure la république islamique
Iran: Un mouvement qui dure, selon l’anthropologue Chowra Makaremi
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Jeunes femmes et écolières sont montées en première ligne, beaucoup tête nue, brûlant leur voile et bravant les forces de sécurité. La répression des protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini a fait au moins 141 morts, dont des enfants, selon un nouveau bilan révélé mardi par l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo. La justice iranienne a annoncé mercredi avoir inculpé plus de 300 personnes, portant à plus de mille le nombre officiel des inculpations liées à ces manifestations.
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(et avec AFP)