la mobilisation du 11 février sera déterminante
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Ce samedi 11 février en France sera la quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Après la baisse d’affluence lors des manifestations du 7 février, l’intersyndicale mise sur ce rendez-vous, au lendemain de l’adoption de l’article 1er du projet de loi à l’Assemblée, dans une ambiance électrique. À plus long terme, quelle stratégie pour la suite du conflit ?
Après une baisse du nombre de grévistes, mardi 7 février, au troisième jour de grève, l’intersyndicale a appelé « à manifester encore plus massivement le samedi 11 février », date qui sera suivie d’un autre jour de grève le jeudi 16 février prochain.
Et les organisations syndicales ont d’ores et déjà prévu une « grosse journée » le 7 mars, avant une « initiative particulière » le lendemain, le 8 mars.
Il est capital pour les syndicats de maintenir la pression sur l’exécutif. Mais face à l’inflation, de nombreux Français n’ont pas les moyens de se priver d’un jour de salaire. C’est pourquoi l’intersyndicale a choisi d’organiser une journée de manifestation un samedi.
En début de semaine, RFI s’est rendue dans le cortège de Boulogne-sur-Mer, ville moyenne des Hauts-de-France où l’ampleur de la mobilisation a été importante. Ce week-end, les Boulonnais rencontrés il y a quelques jours ressortent leurs pancartes et leurs accessoires.
Ils veulent couler nos retraites, donc je n’ai rien trouvé de mieux que de mettre un habit de plongeur pour montrer qu’on allait résister longtemps avant de nous couler, quoi.
À Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, le combat continue
Durcir le mouvement ?
Suite à cette mobilisation, l’intersyndicale devrait confirmer les deux dates du mois de mars, au retour des vacances scolaires. Mais cette fois sans appeler à la grève, tout en laissant la possibilité aux fédérations qui le veulent de décréter deux jours de grève dans leur secteur d’activité.
Certains syndicats, comme SUD Rail ou la CGT, estiment qu’il faudra durcir le mouvement avec des grèves reconductibles et des blocages, alors que la CFDT privilégie la pression citoyenne.
En fonction de la mobilisation, la journée de ce samedi sera déterminante pour la suite du conflit, au risque de marquer la rupture de l’intersyndicale.
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Fin des régimes spéciaux
À la veille de cette nouvelle journée de mobilisation, les débats se sont poursuivis à l’Assemblée nationale à vitesse très réduite. Les députés n’en sont qu’à l’article 2 du projet de loi, relatif à l’index des seniors.
Ce vendredi, la chambre basse du Parlement a adopté l’article 1er du texte, qui prévoit l’extinction progressive de la plupart des régimes spéciaux, notamment à la SNCF et la RATP. Une séance à nouveau tendue, dans une ambiance de cours de récréation, après plusieurs jours de débats. Un député La France insoumise, Thomas Porte, a été exclu de l’hémicycle pour quinze jours, après avoir publié une photo sur laquelle il apparaissait le pied posé sur un ballon à l’effigie du ministre du Travail, Olivier Dussopt.
Qu’est-ce que vous voulez ? Vous voulez quoi ? Vous voulez recommencer, vous voulez ma tête comme votre collègue ?
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Vers une semaine agitée
Attaques personnelles, haussements de ton, interventions parfois sans rapport avec le sujet… La majorité accuse toujours les insoumis de faire obstruction avec leurs milliers d’amendements – il en reste environ 15 900 à examiner d’ici au 17 février, en sachant que les travaux sont suspendus ce week-end.
Alors que les députés n’ont plus qu’une semaine pour examiner les 19 articles restants, la Nupes, quant à elle, promet de « fluidifier le débat » dans les prochains jours, en supprimant des amendements pour arriver au cœur du sujet : le report de l’âge légal de départ à 64 ans.
La semaine qui arrive promet donc d’être agitée, avec l’examen du point phare du projet de loi, l’article 7, qui entérine précisément ce report.
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Par ailleurs, les secrétaires généraux de la CFDT et de la CGT ont vivement répliqué, ce vendredi, aux propos du chef de l’État appelant à ne pas bloquer le pays. Ils invitent, à leur tour, le gouvernement à faire preuve de « responsabilité ». Certains souhaitent aller vers des grèves reconductibles et un blocage, précisément.
Si jamais Emmanuel Macron s’entête, eh bien, il faudra des réponses adaptées. Et moi, si les syndicats décident d’une grève totale, d’un blocage du pays, je serai d’accord avec eux, parce que celui qui bloque le pays, c’est Emmanuel Macron.
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Le gouvernement affiche de la sérénité mais reste attentif à l’ampleur du mouvement
Combien seront-ils dans la rue ? Les ministres vont observer à la loupe les défilés. Tout l’enjeu pour le gouvernement, c’est de trouver le ton juste pour ne pas donner l’impression de minimiser le mouvement sans pour autant faire preuve de fébrilité.
Surtout pas d’arrogance face à la mobilisation sociale, mais un message inlassablement rappelé par un ministre : « On s’attendait à des manifestations, des grèves. La mobilisation de samedi sera intégrée d’une manière ou d’une autre dans le débat parlementaire. »
Un autre membre du gouvernement prend acte de l’hostilité des Français et déclare : « La réforme des retraites ne va pas devenir populaire. La question, c’est le degré de mobilisation. Tant que les grèves sont ponctuelles, ce n’est pas affreux. »
Pour le moment, une députée plaide pour la prudence. « On va observer si ça monte crescendo et si ça peut tenir », dit-elle. Avec une vigilance particulière sur les raffineries, les dockers, les routiers, les pilotes, tous ceux qui peuvent bloquer le pays.
Service politique,
Valérie Gas