«Ils n’ont pas honte d’avoir assassiné quelqu’un au nom de lois aussi injustifiables»



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La vague de manifestations se poursuit en Iran, après la mort violente d’une jeune Iranienne, Mahsa Amini, décédée peu après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs. Au moins six personnes ont perdu la vie dans les manifestations qui ont éclaté dans plusieurs régions d’Iran, selon les autorités qui ne précisent pas les circonstances de ces décès. RFI a recueilli le témoignage d’une Iranienne qui observe au plus près ce qui se passe dans sa ville de Téhéran et qui affiche sa solidarité avec les manifestants.

« J’observe une grande solidarité entre les hommes et les femmes. Des hommes qui soutiennent les femmes et qui sont solidaires de ce mouvement », note cette Iranienne qui nous répond anonymement pour des raisons de sécurité. Elle n’a pas participé aux rassemblements de ces derniers jours à Téhéran, mais elle décèle « un moment critique : il ne s’agit de gens qui se révoltent, car l’économie est en ruines. Il s’agit des fondements même de la République islamique. »

C’est en effet la loi iranienne qui impose aux femmes de porter un foulard dans l’espace public. Et c’est au nom de cette obligation que le 13 septembre dernier, la police des mœurs a arrêté Mahsa Amini. Selon des témoins, ce sont les coups portés au moment de son interpellation qui ont coûté la vie à la jeune femme.

« J’ai vu des femmes de plus en plus nombreuses à dédaigner le hijab »

Pour notre témoin, habitante de Téhéran, la remise en question du foulard islamique est un mouvement de fond :  « Ce que j’ai vu dans la rue, ce sont des femmes de plus en plus nombreuses à dédaigner le hijab, nous dit-elle. Soit elles n’en portent pas du tout, soit elles le laissent tomber sur leurs épaules et ne le remettent pas en place… J’ai vu beaucoup de femmes faire cela, surtout parmi les plus jeunes… »

Le président iranien Ebrahim Raïssi, ultra-conservateur, se trouve actuellement à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. En s’exprimant à la tribune de l’ONU ce mercredi, il a dénoncé un Occident qui aurait « deux poids et deux mesures » dans son attention portée aux droits des femmes. Les médias officiels iraniens ont dénoncé  « l’action de groupes contre-révolutionnaires parmi les manifestants »et – selon le gouverneur de Téhéran – des « ressortissants étrangers » auraient été arrêtés parmi les manifestants.

Rien ne dit que cette vague de colère fera vaciller le pouvoir actuel. Notre interlocutrice jointe à Téhéran le sait bien, elle qui côtoie aussi ses compatriotes qui soutiennent la République islamique : « C’est dur de les raisonner, ils ne se remettent pas en question. Ils semblent n’éprouver aucun regret. Ils n’ont pas du tout l’air d’avoir honte d’avoir assassiné quelqu’un au nom de lois aussi injustifiables. »


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Ils sont venus de plus de 40 États différents, et ils scandent qu’ils se battront jusqu’à ce que le régime change, ou que la place de Raïssi est à la Cour pénale internationale et non à la tribune de l’ONU. Les dizaines de photos d’étudiants rappellent que l’actuel président iranien est l’un des responsables des meurtres en masse de l’été 1988, et qu’il n’est pas digne de parler aux Nations unies. La manifestation a pris plus d’ampleur que prévu compte tenu des soulèvements en Iran. Negarin Nematzeh, 37 ans, est venue spécialement du Texas : « Je suis ici pour montrer mon soutien aux manifestants en Iran qui mettent leur vie en danger en sortant dans la rue, sans savoir s’ils pourront rentrer chez eux. Je veux leur montrer qu’on les encourage. » Behr Borani n’a jamais connu l’exil, il est né aux États-Unis de parents opposants politiques. Mais il a aidé à organiser la manifestation : « Nous avons l’espoir et nous savons vraiment que le régime s’effrite, on le voit dans les luttes internes du régime, on le voit dans de nombreuses villes à travers le pays. » Negarin Nematzeh en veut aux dirigeants occidentaux de ne pas avoir mieux affronté le régime iranien.

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