Football: quand Lula tacle Neymar
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Le candidat de la gauche à la présidentielle au Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva s’en est pris mardi 18 octobre à Neymar, la star du football brésilien qui soutient l’actuel président Jair Bolsonaro, raillant sur le fait que ce choix serait motivé par une « réduction » de sa dette auprès du fisc brésilien.
Lula n’a pas mâché ses mots à propos de Neymar qui a choisi de soutenir le candidat d’extrême-droite Bolsonaro pour l’élection présidentielle au Brésil dont le second tour aura lieu le 30 octobre.
« Neymar a le droit de choisir qui il veut comme président. Je pense qu’il a peur que si je remporte l’élection, je saurai ce que Bolsonaro lui a pardonné (au sujet) de sa dette (en matière) d’impôt sur le revenu. Je pense que c’est pour cela qu’il a peur de moi », a commenté Lula en riant quand il lui a été demandé, dans une interview accordée à la chaîne YouTube Flow Podcast, s’il en voulait au joueur du PSG qui soutient son rival d’extrême droite à la présidentielle. « Il est évident que Bolsonaro a passé un accord avec le père (de Neymar). Maintenant, il a des problèmes fiscaux en Espagne », a ajouté Lula, faisant référence aux décisions favorables que le joueur a obtenues dans une affaire d’évasion fiscale au Brésil, et au procès à Barcelone pour des irrégularités fiscales lors de son transfert au Barça en 2013. Mais « c’est un problème (qui relève) de l’agence de recouvrement des impôts, pas le mien », a conclu Lula dans l’interview.
Neymar devant la justice espagnole
Affirmant qu’il ne participait pas aux négociations et signait ce que son père lui demandait, Neymar a nié mardi 18 octobre, devant la justice espagnole, avoir commis toute irrégularité lors de son transfert de Santos au Barça en 2013. « Mon père s’est toujours occupé » des négociations de contrats, « je signe ce qu’il me dit » de signer, a assuré, lors d’une brève audition devant un tribunal de Barcelone, le joueur brésilien, qui emmènera la Seleçao à partir du 20 novembre au Qatar.
Cet accord est l’un des sujets au centre de ce procès, qui s’est ouvert lundi 17 octobre en Espagne et cherche à déterminer si la société d’investissement brésilienne DIS – détentrice de 40% des droits du joueur lorsqu’il jouait au sein du club brésilien de Santos, avant son départ à Barcelone – a été escroquée durant cette opération. DIS, qui a porté l’affaire en justice en 2015, estime avoir été lésée lors du transfert et affirme que le Barça, Neymar et sa famille puis Santos, dans un deuxième temps, se sont alliés pour dissimuler le montant réel de l’opération et « l’escroquer ».
La société brésilienne leur reproche de ne pas l’avoir informée de l’existence du contrat d’exclusivité de 2011 qui a faussé, selon elle, le mercato en empêchant d’autres clubs de lutter pour recruter Neymar. Le Barça a initialement chiffré le coût du transfert à 57,1 millions d’euros (40 millions pour Neymar et sa famille et 17,1 pour Santos) mais la justice espagnole estime qu’il a en réalité coûté au moins 83 millions d’euros. DIS, qui a touché 6,8 millions d’euros sur les 17,1 officiellement versés au club brésilien, réclame 35 millions d’euros, soit la somme qu’elle estime avoir perdue dans l’affaire.
Le soutien de Rai à Lula
Accusant l’attaquant brésilien de corruption, le parquet a réclamé deux ans de prison et 10 millions d’euros d’amende à son encontre. Les peines de deux ans ou moins ne sont pas exécutées en Espagne lorsque le casier du condamné est vierge.
Ce procès a été surnommé « Neymar 2 », « Neymar 1 » désignant l’affaire de fraude fiscale dérivant de ce même transfert. Elle s’était conclue en 2016 par un accord entre le parquet et le Barça qui avait accepté de payer une amende de 5,5 millions. Neymar et le Barça se sont également affrontés devant la justice mais ont fini par signer en juillet 2021 un accord « à l’amiable » mettant fin à tous leurs litiges.
Alors que la plupart des footballeurs ont choisi ne pas rendre public le nom de leur candidat préféré, Neymar a apporté son soutien à Bolsonaro avant le premier tour.
Cette semaine, l’ancien footballeur brésilien Rai, champion du monde avec la Seleção aux États-Unis en 1994, a apporté son soutien à Lula lors de la cérémonie du Ballon d’Or à Paris. « Merci Rai, j’ai regardé » la retransmission de la cérémonie à la télévision brésilienne, a tweeté l’ancien président, de 2003 à 2010. Ancienne star de la Seleçao et du PSG, Rai, champion du monde 1994, a fait le signe « L », comme Lula, avec ses doigts à la fin de son discours, avant de remettre le Prix Socrates à l’attaquant sénégalais Sadio Mané.
Avec AFP