Face à la crise, les cuirs ont la peau dure
Publié le :
La filière cuir et peau fait le dos rond face aux crises de ces deux dernières années. Le secteur s’en sort bien, en partie grâce à l’industrie du luxe.
Aucun animal n’est aujourd’hui élevé pour son cuir. La consommation de viande a donc une incidence directe sur la disponibilité des cuirs et des peaux qui servent à fabriquer sacs et chaussures, mais aussi sur leur prix. Les premiers producteurs de peaux sont les États-Unis et l’Australie, réputés pour la taille de leur cheptel, et où la consommation de viande n’est pas en déclin, contrairement à la France, le troisième exportateur mondial de cuirs et de peaux.
Le marché le plus tendu, celui de la peau de veau
Dans l’Hexagone, les abattages sont en diminution depuis 30 ans : 30% de moins pour les gros bovins, 60% de moins pour les veaux et 50% de moins pour les ovins, selon les chiffres du Conseil national du cuir. Les peaux de haute qualité se font de plus en plus rares dans l’Hexagone. La tension se ressent en particulier sur le marché des peaux de veau : durant le premier semestre 2022, le prix moyen de la peau achetée en Italie, aux Pays-Bas ou en France a ainsi augmenté de plus 15%.
Les premiers mois qui ont suivi la pandémie, beaucoup de tanneries ont été fermées en Chine et en Italie, les stocks se sont accumulés, mais finalement les affaires sont très vite reparties grâce à la demande en Italie, en Espagne et en Turquie, pour ne parler que du bassin méditerranéen, et la filière a su renouer avec ses statistiques d’avant Covid.
Le secteur du luxe éponge la hausse des coûts de production
La bonne santé du secteur des peaux et cuirs est étroitement liée à celle du luxe. La maroquinerie made in France par exemple a de plus en plus la cote sur le marché chinois et américain. Le luxe absorbe plus facilement les hausses de coût de production et s’adresse à une clientèle elle-même moins sensible à ces hausses. Sur le haut de gamme, les prix se discutent moins, explique Frank Boehly, président du Conseil national du cuir.
Jusque-là, les secteurs en amont de la filière cuir, en particulier ceux qui travaillent la matière brute, ont été épargnés par la guerre en Ukraine, mais les tanneries situées en Europe ne font pas exception : elles sont comme toutes les entreprises, de plus en plus soumises à l’augmentation des coûts énergétiques. L’étape de la « sèche » (déshumidification des peaux) est en effet gourmande en énergie, précise Sophie Hivert, déléguée générale de la Fédération française de la tannerie Mégisserie.