États-Unis: comment le prix de l’essence influence les «midterms»
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Aux États-Unis, les élections de mi-mandat s’annoncent très serrées. Elles détermineront la majorité au Congrès. Pour savoir qui a une chance de gagner au scrutin prévu le 8 novembre, il faut s’en remettre au prix du gallon d’essence.
Dans le camp démocrate, le prix du carburant est scruté comme le lait sur le feu, car quand il augmente, les électeurs ont tendance à broyer du noir et à penser que le gouvernement agit dans la mauvaise direction. En revanche, quand il baisse, ils sont plus confiants en l’avenir et en la capacité des gouvernants à diriger le pays. Ils sont alors plus enclins à voter pour l’équipe au pouvoir. Ce lien entre la courbe du prix de l’essence et le vote est avéré, corroboré par de nombreuses études d’opinion. C’est pourquoi Joe Biden s’est empressé d’utiliser une partie des réserves stratégiques d’essence, dans l’espoir de faire redescendre la pression. Aux États-Unis, le prix de l’essence est l’expression la plus sensible de l’inflation. Elle est aujourd’hui à 8%.
Un indicateur économique de référence des citoyens américains
Sa fiabilité est pourtant toute relative. En 2014, quand les cours mondiaux du brut ont plongé, l’essence américaine a suivi, mais la croissance est restée soutenue. Parfois, le prix de l’essence dégringole non pas avant mais après le début d’une récession, qui de fait, décourage la demande. Ces exemples démontrent bien que ce n’est pas nécessairement un signe avant-coureur de ralentissement économique. Néanmoins, c’est un indicateur de référence sur la situation économique du pays. Surtout parce qu’il fait partie du quotidien de tout un chacun. Contrairement au taux de chômage ou d’inflation, il est très accessible : les prix s’affichent publiquement partout où l’essence est distribuée.
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Et c’est aussi un indicateur facile à interpréter, car la facture grimpe à vue d’œil à la pompe à essence. En voyant les chiffres s’emballer au compteur, le consommateur traduit spontanément la hausse des prix de l’essence en terme négatif pour son pouvoir d’achat, avec des conséquences quasi instantanées sur son comportement. Les plus modestes tendent à limiter leurs trajets quand le carburant devient trop cher. Un économiste a observé que les Américains qui ont commencé à conduire au moment du choc pétrolier des années 1970, quand l’essence était hors de prix, se déplacent moins que les générations qui ont pris le volant quand l’essence était bon marché.
Un handicap dans un pays où les déplacements sont conditionnés par la voiture
Les transports en commun sont insuffisants aux États-Unis. Les gens habitent souvent dans des banlieues très étalées et éloignées de leur travail. Et puis dans le berceau de l’industrie automobile, la voiture est aussi synonyme de liberté. Restreindre ses déplacements parce que l’essence est trop chère donne un sentiment d’oppression selon les psychologues du comportement. Conduire sans avoir à se soucier du prix de l’essence donne au contraire le sentiment de liberté, c’est bon pour le moral. On a alors tendance à voir la vie en rose, le prix de l’essence en baisse donne alors une perception positive de l’économie.
Le prix du gallon a culminé à 5 dollars au mois de juin. Il a ensuite fortement chuté en septembre. Cela parait plutôt favorable au camp démocrate, mais ce n’est pas le seul facteur du vote. Et la baisse des prix n’est peut-être pas suffisante pour assurer la victoire des démocrates. Les prix ont beaucoup baissé depuis juin, mais ils ne sont pas encore aussi bas qu’avant la guerre russe en Ukraine. Ce lundi 1er novembre, le gallon valait en moyenne 3,25 dollars, selon le baromètre Gasbuddy. Et dans certains États très disputés, ils sont légèrement au-dessus de cette moyenne.
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