En lutte, les livreurs Uber Eats demandent des papiers
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Plusieurs centaines de livreurs sans-papiers réclament le droit de travailler après avoir été déconnectés de l’application Uber Eats cet été. Chaque semaine, ils se mobilisent dans la rue et auprès des instances. Aujourd’hui, ils veulent une régularisation pour pouvoir travailler en toute légalité.
Haut-parleur devant un bâtiment du XIII arrondissement de Paris. Les livreurs veulent s’inviter à une réunion de l’Arpe, l’autorité de relations sociales des plateformes. Une instance gouvernementale créée il y a quelques mois, destinée « à améliorer les conditions de travail » des livreurs et de tous les autres travailleurs de plateforme comme Uber ou Deliveroo.
« J’ai été déconnecté depuis le 17 juillet et jusqu’à ce jour, je n’ai pas encore travaillé. C’est impossible pour moi de travailler actuellement. J’ai des difficultés pour joindre les deux bouts parce que je ne travaille pas », explique Abou.
Amender la circulaire Valls
Il est sans-papiers et se retrouve dans une situation inextricable. Il ne peut plus travailler faute de papiers et il ne peut pas demander de papiers faute de preuve qu’il a bien travaillé. « Nous, au lieu de fiches de paye, on nous fait des factures. Et on souhaiterait que les factures soient considérées comme une fiche de paye. Ça peut nous être favorable dans la régularisation », poursuit-il.
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Ces livreurs demandent une réécriture de la circulaire Valls qui permet à un travailleur sans papiers de voir sa situation régularisée, s’il respecte certains critères. Pour Jérôme Pimot est fondateur du Clap, le Collectif des livreurs autonomes parisiens, revoir « la circulaire Valls, ce n’est même pas une loi à faire passer, à refaire passer, via des jeux de navettes parlementaires qui duraient des mois. C’est juste un jeu d’écriture. Elle est toujours en vigueur, donc ça veut dire que le gouvernement actuel ne l’a pas abrogée. »
Il poursuit : « À partir de là, il y a juste quelques mots à changer, quelques lignes. C’est juste une volonté politique, c’est pour ça que ces livreurs veulent sensibiliser les clients, les restaurants, les citoyens, mais aussi le politique parce que c’est lui, en définitive, qui va signer », explique Jérôme Pimot.
« On veut être régularisé, travailler légalement »
« Pendant le Covid, on a été livrer dans des bâtiments infectés, du rez-de-chaussée jusqu’au [dernier étage]. On a pris le risque de monter dans ces bâtiments, aller livrer des personnes malades. En retour, on devrait au moins avoir quelque chose », assène Abou. « On ne veut pas de l’argent du contribuable, de la France, non. On veut être régularisé, travailler légalement. À la sueur de notre front pour nourrir notre famille », insiste-t-il.
Devant le bâtiment de l’Arpe, l’action des livreurs semble porter ses fruits. Une délégation est finalement reçue. Les revendications seront remontées au ministère du Travail. Les lignes bougent, estiment les livreurs. D’autres réunions sont prévues courant novembre.