En Iran, les mollahs ont-ils brisé la révolte populaire?



La situation en Iran, six mois après la mort de la jeune Mahsa Amini après son interpellation pour non-respect du port du voile : la révolte en Iran s’est-elle essoufflée ou couve-t-elle sous la braise ?

Ce que l’on peut dire tout d’abord, c’est que l’intensité de la révolte des femmes, en particulier, n’est plus la même en Iran. En terme de manifestations, c’est redevenu calme depuis deux mois dans les grandes villes à une ou deux exceptions près.

On peut donc dire que le pouvoir a réussi à résister à cette contestation populaire portée par les femmes, puis les jeunes et beaucoup de composantes de la société civile qui voulaient exprimer, au-delà de la question importante du port du voile, un ras-le-bol général contre un pouvoir jugé liberticide, corrompu et incapable de mettre en œuvre des politiques économiques efficaces.

Face à ces demandes de la société civile, l’appareil d’État iranien a réagi par une répression violente

Mais il a aussi tenté d’envoyer quelques signaux d’ouverture : le mois dernier, à l’occasion de l’anniversaire de la révolution islamique de 1979, on a ainsi assisté à un vaste mouvement d’amnistie dans les prisons iraniennes, un des plus importants jamais enregistré.

Le pouvoir joue donc sur les deux tableaux. Amnistie pour les simples manifestants, mais des peines de mort ou de prison très lourdes pour les meneurs.

Mais cette posture ambigüe ne trompe pas les Iraniens. Si les grandes manifestations ont cessé pour l’instant, une forme de résistance passive s’est mise en place. On assiste à un très net relâchement du port du voile ou du foulard chez les femmes. Dans la rue, les cafés ou les centres commerciaux, de nombreuses femmes et jeunes filles ne portent pas le voile ni de foulard sur la tête.

Comment réagit la communauté internationale ?

À l’étranger, on suit de près la situation en Iran. Mais, si le soutien des pays démocratiques a été très fort et très bruyant lors des premières semaines, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Plus globalement, la communauté internationale est de plus en plus divisée entre plusieurs blocs. Et le régime iranien, qui n’avait pas à se forcer, a renforcé ses liens avec le bloc des pays autoritaires – notamment avec la Russie et la Chine.

« Autocrates de tous les pays, unissez-vous », message reçu cinq sur cinq par les mollahs iraniens qui, fort habilement, viennent consolider l’axe anti-occidental – et bénéficient en retour d’un soutien de Moscou et Pékin.

Et tant pis pour les aspirations d’une population qui veut vivre libre. La liberté attendra. Même si quelque chose a changé en Iran depuis six mois, pour les femmes surtout, la révolte n’a pas réussi à déstabiliser suffisamment le régime pour le voir s’effondrer. Mais on sent que ce bras de fer est toujours là, latent. Et qu’il suffirait d’une étincelle pour que le feu qui couve se réveille brutalement. Cette étincelle va-t-elle se produire ou non ? C’est une des questions actuellement en Iran.



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