Emmanuel Macron met le turbo sur la voiture électrique
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Le chef de l’État a inauguré ce lundi le Mondial de l’automobile, quelques heures après une interview accordée au quotidien Les Échos dans laquelle il détaille toute une série de mesures en faveur des véhicules décarbonnés. Et confirme son ambition de faire passer la France dans l’ère du tout-électrique.
Premier axe de cette longue interview accordée aux Échos : le bonus écologique, c’est-à-dire l’aide à l’achat d’un véhicule électrique neuf. Emmanuel Macron annonce qu’il sera porté de 6 000 à 7 000 euros. La mesure concernera la moitié des ménages, en priorité les plus modestes. Ce coup de pouce est applicable aux véhicules de moins de 47 000 euros à l’achat.
Étaient aussi attendues des précisions concernant le leasing, autrement dit la location d’une voiture électrique à 100 euros par mois avec option d’achat. Son lancement est prévu pour le deuxième semestre de 2023. Il sera, lui aussi, destiné aux ménages les plus modestes.
Concernant les recharges électriques, des promesses là aussi. Près de 100 000 bornes publiques seront disponibles début 2023 sur tout le territoire. À l’origine, le gouvernement souhaitait atteindre cet objectif d’ici à la fin de l’année, mais le compte n’y sera pas : 70 000 auront été installés en France d’ici fin 2022. Le président espère 400 000 bornes publiques à l’horizon 2030.
Booster un marché croissant mais très inégalitaire
Toutes ces mesures visent à poursuivre la dynamique exponentielle sur laquelle est engagé le marché de l’électrique en France. En septembre 2022, pour la première fois, davantage de voitures électriques ont été vendues que de voitures diesels. Une statistique pour se convaincre de cette croissance : en 2018, l’électrique représentait seulement 1% du marché de l’automobile, contre 13% en 2022.
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Mais l’accès à ce marché est très inégalitaire. Certes, sur le long terme, l’électrique est plus rentable que la voiture thermique, car l’électrique coûte moins cher et le coût de l’entretien est moins élevé. Mais encore faut-il pouvoir s’en procurer une. Une voiture électrique peut coûter jusqu’à 50% plus cher qu’un modèle thermique.
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L’objectif de la France, précise encore le président, est que le pays produise un million de véhicules électriques en 2027 et 2 millions d’ici 2030 avec un parc automobile 100% électrique à cette échéance. Sauf que près de 80% des batteries et véhicules électriques sont importées en France. Les batteries made in France seront produites dans « les mois à venir », précise Emmanuel Macron. Actuellement, trois projets d’usines de confectionnant des batteries 100% françaises ont vu le jour sur le territoire. « Nous sommes donc très crédibles avec notre objectif d’être autonomes sur les batteries à l’horizon 2027. On pourra même commencer à exporter après cette date », anticipe Emmanuel Macron.
Cette politique française ambitieuse répond aussi à un défi qui se joue à l’échelle de l’Union européenne : la disparition, d’ici 2035, des véhicules thermiques neufs.
Pour rouler écologique, roulons légers
Quelques jours avant l’ouverture du Salon de l’automobile, l’agence de la transition écologique (Ademe), a publié un rapport sur la pertinence écologique d’une voiture électrique. Il rappelle qu’une voiture électrique part avec une « dette carbone » trois fois plus élevée qu’un véhicule thermique. La dette carbone correspond à l’énergie et la matière qu’il a fallu dépenser pour construire le véhicule. La confection des batteries, l’extraction de minerais tels que les terres rares, augmentent l’impact carbone des véhicules électriques lors de leurs confections.
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Mais sur le long terme, cette dette s’efface et l’impact carbone de la voiture électrique devient alors deux à trois fois inférieur à celui d’un modèle thermique. Cette observation n’est valable qu’à une seule condition : la capacité de la batterie ne doit pas dépasser 60 kilowattheures. Ainsi, pour les voitures à batteries légères, comme les « citadines », l’impact carbone lié à sa confection s’efface au bout de 15 000 kilomètres contre plus de 100 000 kilomètres pour les berlines et SUV électriques.
Avec une batterie de taille supérieure à 60 kilowattheures, l’Ademe estime que l’intérêt d’avoir une voiture électrique pour préserver l’environnement n’est pas garanti. Pour rouler écologique donc, l’agence préconise de rouler léger et de privilégier des véhicules à faibles autonomies.