Élections de mi-mandat aux États-Unis: la crise de l’immobilier peut-elle influencer le vote?
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Les Américains s’apprêtent à aller voter mardi pour les élections de mi-mandat qui pourraient coûter cher au camp démocrate. Comme souvent, la situation économique va guider le choix des électeurs. D’après un récent sondage Ipsos-ABC News, l’état de l’économie et l’inflation sont en tête des sujets qui détermineront le vote des citoyens. Et l’une des préoccupations majeures du moment, outre l’inflation, c’est la crise de l’immobilier que traverse le pays depuis plusieurs mois.
Qu’est-ce qui résume le mieux le « rêve américain » que l’accès à la propriété ? Peut-être la voiture. Pour ce qui est du marché de l’immobilier, il s’est retourné aux États-Unis à une vitesse jamais vue depuis longtemps. En septembre, l’indice de confiance des acheteurs est tombé à son plus bas niveau depuis 2011. Même son de cloche chez les promoteurs immobiliers, leur indice de confiance est au plus bas depuis 2020. Pourtant, les logements sont là et les potentiels acheteurs aussi !
Que se passe-t-il sur le marché ?
La hausse des taux directeurs de la FED, la réserve fédérale américaine, depuis le printemps dernier a fait s’envoler le coût du crédit, ce qui explique en grande partie le retournement actuel. Pendant la crise sanitaire, on avait assisté à une explosion des achats favorisés par des taux d’emprunts historiquement bas.
Aujourd’hui, c’est tout l’inverse : pour un prêt sur 30 ans, les taux actuels tournent autour de 7% alors que l’an dernier, c’était deux fois moins. Un indicateur sérieux sur la direction que prend le marché actuellement : les ventes de maisons neuves ont fortement ralenti en septembre.
La proportion des primo-accédants, ceux qui achètent pour la première fois, n’est plus que de 26%, du jamais vu depuis 40 ans. Même sur le marché secondaire, beaucoup de propriétaires rechignent à vendre leur bien car cela reviendrait à abandonner les conditions plutôt favorables de leur crédit.
Comment réagissent les promoteurs ?
Pendant la crise sanitaire, ils n’arrivaient pas à construire assez vite pour répondre à l’explosion de la demande. Aujourd’hui, ils multiplient les gestes commerciaux pour écouler leurs biens. Certains les mettent à la location, faute de pouvoir les vendre, afin de dégager des revenus.
Ces professionnels annulent ou renégocient les achats de terrains. Traumatisés par la crise de 2007-2008, qui avait contraint la moitié d’entre eux à la faillite, ils ne se sont pas enflammés pendant la pandémie pour construire plus que nécessaire. Et cela, pour ne pas risquer de se retrouver avec des étendues de maisons vides dont les images ont fait le tour du monde il y a une quinzaine d’années.
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Quelle conséquence pour le vote des midterms ?
Pour nombre de commentateurs dans la presse américaine, les plus jeunes, qui ne peuvent plus avoir accès facilement à un logement, risquent de ne pas se déplacer pour voter ou bien de voter contre les démocrates. Le camp républicain ne se gêne d’ailleurs pas pour accabler l’administration en place.
Mais c’est oublier un peu vite que, d’une part, le gouvernement actuel n’a pas forcément la main sur la politique monétaire de la FED qui entraîne la hausse des taux. Et d’autre part, que la crise du logement aux États-Unis est protéiforme et a des racines profondes. Depuis des années, on observe la cherté de certains terrains. Et voilà longtemps que des règles locales d’urbanisme, parfois très strictes, empêchent la construction au cœur des villes et non pas en lointaine périphérie de nouveaux logements à des prix abordables.
Les républicains pourraient récolter en partie les fruits de cette crise. L’ironie, c’est que l’une des mesures qui pourraient être sacrifiées à leur arrivée à la chambre, c’est le « First-time buyer tax credit ». Les démocrates avaient réussi à faire passer ce texte l’an dernier via un accord avec les républicains pour éviter la paralysie des services fédéraux, le fameux « shutdown ». Son objectif : aider les jeunes Américains dans l’achat de leur premier logement.
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► En bref : la chute des exportations en Chine
Pour la première fois depuis deux ans, les exportations chinoises sont en baisse de 0.7% sur un an, d’après les douanes. Elles avaient bondi de près de 6% en septembre, ce qui n’était pas étonnant vu le contexte. Il y a le durcissement des restrictions sanitaires toujours parfaitement assumé par le pouvoir chinois, la hausse des prix de l’énergie, mais aussi la baisse de la demande internationale, considérant les sombres perspectives économiques pour les clients américains et européens. Les importations chinoises ont aussi ralenti avec le contexte sanitaire. L’excédent commercial chinois n’est donc plus « que » de 85,64 milliards d’euros contre plus de 100 milliards en juillet dernier.