Droit à l’image: les Bleus à l’offensive



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Le jour J approche pour le Mondial de football au Qatar. Les Bleus de Didier Deschamps conserveront-ils leur titre acquis en Russie en 2018 ? Ils défendent aussi leurs intérêts financiers, et en particulier leur droit à l’image. Un bras de fer sonnant et trébuchant est lancé avec leur employeur,  la Fédération.   

Vous vous souvenez peut-être de ce mini psychodrame au mois de septembre, lors d’un rassemblement de l’équipe de France à Clairefontaine : Kylian Mbappé, le joueur-star désigné par le magazine Forbes comme le mieux payé au monde, refuse de participer à une séance de photos avec des sponsors. Le conflit couvait depuis plusieurs mois. L’attaquant du PSG ne veut pas que son image soit associée à des marques qu’il n’a pas choisies, et qui de plus ne lui rapportent rien directement. D’autant que son statut fait de lui la tête de gondole la plus recherchée par les publicitaires. Il peut donc estimer mériter plus d’argent que ses coéquipiers. Un clash savamment médiatisé et au final, la Fédération française de football, se couche. Elle s’engage à « travailler aux contours d’un nouvel accord qui lui permettra d’assurer ses intérêts tout en prenant en considération les préoccupations et convictions légitimes exprimées unanimement par les joueurs ». Le président de la FFF Noël Le Graët, qui ne voulait pas parler du sujet avant la Coupe du monde, temporise. Résultat : Mbappé et ses partenaires font les photos. La hache de guerre est provisoirement enterrée. 

Que demandent les Bleus ? 

Deux mois plus tard, la voilà déterrée. Car les Bleus repartent à l’offensive ! Avec à leur tête leur capitaine et gardien de but Hugo Lloris, ils ont remis un projet modifié de convention sur leurs droits à l’image, le texte actuel datant de 2010 et de l’inoubliable épisode de Knysna en Afrique du Sud. Voilà donc une nouvelle mouture adressée directement au président Le Graët. Que demandent les champions du monde ? Une clarification des droits sur l’image collective de l’équipe de France, mais aussi, et c’est là l’essentiel, sur le droit de chaque joueur sur son image individuelle. 

Et c’est vrai que dans le monde dans lequel on vit, il peut y avoir des cas particuliers. Les joueurs ont parfois des convictions personnelles qui ne cadrent pas avec la finalité de certaines entreprises. On pense aux paris sportifs, à la malbouffe (avec les chaînes de restauration rapide), aux boissons sucrées (l’épisode Cristiano Ronaldo et la bouteille de Coca-Cola en conférence de presse), pourquoi pas aussi les convictions religieuses. Chacun peut voir midi à sa porte. Autre cas litigieux, le problème éternel de l’équipementier : Lionel Messi par exemple est en contrat personnel avec Adidas, Neymar a signé avec Puma, mais leur club (le PSG) a parmi ses sponsors, Nike, grand concurrent des deux marques allemandes. 

Les sportifs prennent la main 

Du changement est donc attendu pour l’année prochaine sur ce dossier épineux. En attendant, il pose pas mal de questions sur l’évolution du football en particulier et du sport-business en général. Les sportifs et les sportives, acteurs essentiels d’un spectacle lucratif au même titre que les artistes, sont en train de prendre la main sur les organisations et sur leurs employeurs, clubs ou fédérations. Le sport s’est individualisé, le footballeur notamment est à lui tout seul une entreprise qui a bien compris l’intérêt et la nécessité de ce droit à l’image. Le premier fut dans les années 1970 l’emblématique joueur anglais Kevin Keegan, du fait de sa popularité, de sa notoriété en dehors des pelouses, de sa capacité à faire vendre des produits comme de l’eau de Cologne, du chewing-gum ou des céréales. Aujourd’hui et dans une toute autre dimension, les stars du ballon rond font vendre des voitures de luxe, des jeux vidéo ou des cryptomonnaies. La célébrité se monnaye. Encore faut-il l’acquérir sur le terrain. Une nouvelle étoile sur le maillot dans quelques semaines au Qatar et les Bleus partiraient certainement en position de force dans leur négociation avec la Fédération. 



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