Coton: en attendant que la demande reparte



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Le coton était à l’honneur, vendredi 7 octobre 2022 à Deauville, dans le nord-ouest de la France, pour la traditionnelle rencontre de l’Afcot, l’Association française cotonnière, qui a rassemblé plus de 300 personnes issues d’une quarantaine de pays, et en particulier de pays africains. Une rencontre à l’heure où le marché du coton est entré dans « un brouillard indescriptible » pour reprendre les mots d’un participant.

La grande question qui agite le monde du coton est de savoir quand la demande va rebondir. Car elle est « un peu exsangue », selon les mots du président de l’Association française cotonnière. Devant ses 300 invités réunis sous les lumières du casino de Deauville, Charles Jannet a rappelé vendredi le contexte particulier du moment : une sècheresse terrible au Texas – la pire depuis dix ans -, une demande qui ne cesse de se tarir et des cours qui dégringolent chaque jour un peu plus.  

À court terme, les perspectives sont donc « sombres », estime le président de l’Afcot, d’autant que les l’offres et la demande ne semblent plus guider les prix. Pour preuve, l’annonce d’une mauvaise production aux États-Unis, premier exportateur mondial, n’a pas fait sourciller les cours. La macroéconomie a pris le dessus : la crise énergétique, l’inflation galopante et la montée des taux d’intérêts ont mis hors-jeu les fondamentaux du marché.

Les filatures ralentissent la cadence

Le spectre de la récession a fait s’effondrer la demande des filatures, qu’elles soient au Pakistan, en Turquie ou au Bangladesh, car elles-mêmes font face à des baisses de commandes des grandes marques de textile. « Les plus téméraires sont découragées par le spectre de renégociations salariales pour faire face à la hausse des prix », ajoute un négociant. 

Mais dans la tête des négociants, même si la baisse des cours se poursuit, le contexte reste à la hausse notamment, car les productions sont annoncées en nette baisse non seulement aux États-Unis, le premier exportateur, mais aussi au Pakistan, qui pourrait perdre 30% de sa récolte en raison des inondations selon Cotton Outlook, revue hebdomadaire dédiée au marché.

Les prix dégringolent, mais restent à des niveaux élevés

Dans ce contexte, les négociants confient attendre que l’horizon s’éclaircisse, tout comme les exportateurs qui tablent sur une remontée des cours. Des cours qui ont chuté, mais qui restent historiquement élevés. Et c’est sans doute pourquoi l’atmosphère était loin d’être morose à Deauville. Notamment chez les producteurs africains. « Les cours sont à des niveaux très acceptables », confie un représentant tchadien de la filière, Ibrahim Malloum, d’autant que le coton vendu en dollar profite de la fermeté de la monnaie américaine.

Le contexte actuel interroge cependant la prochaine campagne. « Qui va vouloir produire du coton dans un marché où la consommation est en chute libre et les coûts des semences, des intrants, du carburant et de la logistique ont au minimum doublé ? », s’interroge un acteur de la filière.



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