Bolsonaro veut convaincre là où il a été poignardé il y a quatre ans
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Ce mardi 18 octobre, Jair Bolsonaro était en visite à Juiz de Fora, dans l’état du Minas Gerais. Le président brésilien en campagne s’est rendu dans la ville où il avait été poignardé quatre ans plus tôt. À une dizaine de jours du deuxième tour, il veut convaincre les indécis malgré la défiance des étudiants venus manifester contre le président et les coupes budgétaires dans l’éducation.
Avec notre correspondante au Brésil, Sarah Cozzolino
Donné perdant dans les sondages face à l’ancien président Lula, Jair Bolsonaro est revenu sur les scènes du crime où il a reçu, il y a quatre ans, un coup de couteau, déjà lors d’un événement de campagne. C’est à cet endroit que Maria Adélia a donné rendez-vous à ses amies. Elle se souvient de la scène : « J’ai beaucoup pleuré, prié pour lui, pleuré. S’il est vivant aujourd’hui, c’est l’œuvre de Dieu. Dieu a voulu ce miracle ».
Un épisode qui a contribué à construire le mythe Bolsonaro. Le président a répété lors du lancement de sa campagne au mois d’août qu’il était né une seconde fois dans cette ville. Esther, la soixantaine, le voit comme un sauveur : « C’est avec Bolsonaro qu’on s’est rendu compte que le Brésil avait un potentiel inexploité. Le Brésil peut être une grande puissance, et c’est ce dont on rêve ».
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Inverser la tendance
Quatre ans plus tard, la ville de Juiz de Fora a voté en majorité pour l’ancien président Lula au premier tour. Mais selon Israel, c’est en train de changer. « J’ai déjà discuté avec plusieurs indécis. Parmi ceux qui ont voté pour Simone Tebet, 80% vont voter pour Bolsonaro. Et maintenant, avec le soutien du gouverneur, on va inverser la tendance, si Dieu le veut », affirme-t-il, portant fièrement son maillot de la Seleçao.
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Israel est venu avec toute sa famille, et il assure que si Jair Bolsonaro ne remporte pas l’élection, ils seront nombreux à protester dans les rues. Mais il y a déjà des manifestations à Juiz de Fora. Elles sont hostiles au président brésilien, et menées par des étudiants qui dénoncent les coupes budgétaires du gouvernement Bolsonaro.
Felipe, 19 ans, est étudiant en cinéma. Il tient une pancarte avec écrit « l’éducation n’est pas un coût mais un investissement ». « Sans éducation et sans universités, on n’est rien et le président s’oppose constamment à ce secteur, donc nous devons nous opposer à lui », partage-t-il.
En quatre ans de gouvernement Bolsonaro, Laís a aussi perçu l’impact des coupes budgétaires au niveau des bourses ou des budgets dans son université publique : « Je travaille sur l’impact environnemental des gaz à effet de serre, et il y a des expériences qu’on n’a pas pu faire par manque de budget ».
Dégâts environnementaux irrécupérables
Comme elle, Jonas est étudiant en écologie et doctorant spécialiste du changement climatique. Selon lui, les dégâts environnementaux causés pendant le gouvernement de Jair Bolsonaro sont irrécupérables :« On ne peut plus perdre un centimètre de forêt amazonienne. On arrive à un stade où la situation ne fait qu’empirer. Quand Jair Bolsonaro encourage la déforestation en Amazonie, il favorise directement la désertification du sud-est ».
Même s’ils sont persuadés que l’ancien président Lula fera mieux que Jair Bolsonaro, les deux étudiants regrettent que l’Amazonie ne soit pas au cœur de la campagne.