avec la réforme de l’assurance-chômage, l’exécutif espère un important retour à l’emploi
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Le gouvernement a dévoilé ce lundi matin aux partenaires sociaux ses décisions sur sa nouvelle réforme de l’assurance chômage : la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi sera réduite d’un quart pour « inciter » les bénéficiaires de l’allocation chômage à retrouver un travail. Le montant de l’indemnisation ne change pas, mais la durée de celle-ci évoluera en fonction de la situation du marché du travail.
Concrètement, le gouvernement se base sur le critère d’un taux de chômage à 9% (selon les normes du Bureau international du travail) pour faire varier la durée d’indemnisation. Celle-ci sera réduite de 25% pour les futurs chômeurs ouvrant des droits à partir du 1er février 2023. Ces droits des chômeurs ne seront rétablis pleinement que si le taux de chômage dépasse 9% en France ou si son évolution trimestrielle dépasse 0,8%.
Le ministre du Travail espère « 100 000 à 150 000 retours à l’emploi » supplémentaires en 2023 grâce à la réforme et assure que la France garde l’un des systèmes les plus généreux d’Europe.
Notre objectif est de rapprocher ces périodes de fort retour à l’emploi et les éléments dont nous disposons nous laissent espérer entre 100 et 150 000 retours à l’emploi à l’échelle 2023
Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion.
L’exécutif qui justifie sa réforme par les difficultés de recrutement des entreprises, espère que grâce à ces modifications, le plein emploi sera atteint en 2027, soit un taux de chômage d’environ 5% alors que le taux actuel est de 7,3 %.
Une réforme qui ne fera que renforcer la pauvreté en France
Les organisations patronales reçues ce lundi matin au ministère du Travail étaient plutôt favorables à la réforme, alors que les autres syndicats, eux, la qualifient d’inacceptable.
Indemniser les chômeurs moins longtemps pour les inciter à retrouver du travail, la logique du gouvernement est partagée par Éric Chevée de la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) qui peine à recruter dans les métiers sous tensions. « Il y a encore plus de la moitié des entreprises qui recherchent des collaborateurs dans un marché du travail qui reste à près de six millions d’inscrits à pôle emploi. Les dispositions qui ont été annoncées complètent utilement, de notre avis, le dispositif de l’assurance-chômage. »
Mais pour Denis Gravouil de la CGT, la réforme ne fera que renforcer la pauvreté. Exemple avec un chômeur aujourd’hui indemnisé pendant deux ans, qui au 1er février 2023 verra sa durée réduite de six mois : « On voit très bien que ce gouvernement n’a qu’une priorité : taper sur les travailleurs, les obliger à accepter des emplois précaires parce que c’est un des objectifs de la réforme et faire des économies, c’est une mesure qui est totalement favorable au patronat. »
La CGT comme Force ouvrière s’inquiète également pour les séniors au chômage qui, eux aussi, vont voir leur période d’indemnisation réduite de 36 à 27 mois. « Quand vous avez plus de 55 ans, plus personne ne vous embauche, estime Michel Beaugas, secrétaire confédéral Force ouvrière. Et donc vous vous transformez en chômeur de longue durée et demain ça voudra dire des chômeurs âgés pauvres et ça, c’est scandaleux. » Force ouvrière a déjà annoncé contester en justice le décret sur la réforme de l’assurance chômage dès sa publication.
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