Amnesty International dénonce l’attitude de la Turquie et de l’Iran vis-à-vis des réfugiés afghans
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Dans un rapport dévoilé mercredi 31 août, l’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International alerte sur le sort des Afghans qui tentent de fuir leur pays et tombent aux mains des forces de sécurité iraniennes et turques.
Renvois forcés, tirs à balles réelles, détentions arbitraires, torture et autres formes de mauvais traitements… Cette enquête de terrain – la première sur les droits humains menée en Afghanistan depuis que les talibans ont pris le contrôle du pays en août 2021 – dénonce l’attitude de la Turquie et de l’Iran vis-à-vis des Afghans cherchant à fuir leur pays.
« La Turquie et l’Iran ont renvoyé de force des milliers d’Afghans en violation du droit international, puisqu’il est interdit de renvoyer des individus dans un pays où ils peuvent être soumis à des violations graves des droits humains, pointe Marie Forestier, chercheuse à Amnesty International et autrice de ce rapport. Aucun des Afghans que nous avons interviewés n’a eu la possibilité de déposer une demande de protection internationale, ce qui est aussi contraire au droit international. »
Des cas d’homicides documentés
Réalisée en mars en Afghanistan auprès de 74 personnes témoignant avoir été renvoyées de force, 48 affirment avoir été la cible de tirs en tentant de franchir les frontières avec l’Iran ou la Turquie. Le rapport, intitulé « Ils ne nous traitent pas comme des humains », fait notamment état de onze cas d’homicides illégaux d’Afghans par les forces de sécurité iraniennes et trois par les forces de sécurité turques au moment de leur tentative de franchir la frontière.
« Aujourd’hui, les Afghans sont piégés. Les Afghans qui veulent quitter le pays et qui n’ont pas de passeport ou de visa n’ont pas d’autre option pour le faire que de se mettre en danger. Le long de leur voyage à travers l’Iran et la Turquie, les forces de sécurité les refoulent à différentes étapes, les forcent à rentrer en Afghanistan, développe Marie Forestier. C’est malheureusement devenu banal aujourd’hui que les garde-frontières à travers le monde empêchent des demandeurs d’asile de passer. Mais là, avec ce qui se passe à la frontière iranienne et à la frontière turque avec les Afghans, on a encore franchi une étape dans la violence, puisque non seulement on les empêche de passer, mais on les empêche en risquant de les tuer, en les tuant dans certains cas, et en leur tirant dessus. Les forces de sécurité ont aussi soumis les Afghans qui essayent de fuir à des tortures, des mauvais traitements et des détentions arbitraires. »
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